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Deux esprits font de
l'esprit sur les esprits !
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Jeune juriste
érudit, secrétaire de la ville de Gorcum et avocat à la cour de
Hollande, Hugo Boxel écrit en 1674 au philosophe Baruch de
Spinoza pour connaître son opinion sur les apparitions, les
spectres et les esprits. Cette correspondance* de 6 lettres est
avant tout une curiosité. Vous ne pourrez vous empêcher de
sourire à la lecture des arguments de ces deux hommes. D’un côté
nous avons le point de vue naïf de Boxel et de l’autre,
l’opinion ultra-rationaliste, et donc forcément extrémiste, de
Spinoza. |
Comment dans ces conditions accorder de la
valeur à ces argumentations se situant aux deux extrêmes ? Nous savons
aujourd’hui, avec les avancées de la parapsychologie, que la vérité
n’est pas aussi simple que ça. C’est pourquoi toute autorité
intellectuelle reconnue qu’il est, Spinoza n’a pas une vision juste des
choses. Et d’ailleurs, en quoi un philosophe serait-il compétent pour
juger objectivement de ces phénomènes ? Le rationaliste M. Cyril Morana
le reconnaît lui-même dans sa post-face : « Pourquoi interroger un
philosophe sur l’occulte, le paranormal, domaine dans lequel il n’a que
fort peu de compétences ?… ». Il est évident que certains arguments de
Spinoza sont pertinents, mais comme le sont aussi certaines questions de
Boxel. Ce qui est moins compréhensible cependant, ce sont les notes et
la post-face de M. Cyril Morana dont le scepticisme, presque arrogant,
démontre une méconnaissance totale de la parapsychologie. En conclusion,
un petit livre gentillet mais pas indispensable.
(*) Lettres sur les spectres et les
esprits, Baruch de Spinoza, Editions Mille et une nuits, 2004
Erick Fearson |