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Mort d'un "inspecteur de
spectres"
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Rendons
hommage à l’un des plus grands chasseurs de fantômes du 20ème
siècle, Andrew Green, qui nous a quitté le 21
mai 2004 à l'âge de 77 ans. Il fut une référence pour tous les
chasseurs de fantômes consciencieux de cette planète. Ses travaux dans ce domaine furent
considérables et ont permis de mettre en lumière certaines zones
d’ombres concernant les phénomènes de hantises. L’un de ses
ouvrages les plus influents dans ce domaine fut sans conteste "Ghost
Hunting : A Practical Guide*". |
En souvenir de ses
recherches, Maison-Hantee.com a retrouvé un entretien publié par le
magazine "Facteur X", aujourd'hui disparu.
ANDREW GREEN,
"CHASSEUR DE FANTOMES"
Les institutions britanniques font appel à lui lorsque des bruits
étranges se font entendre la nuit. Fantômes et poltergeists sont pistés
par cet enquêteur hors norme.
Comment peut-on qualifier votre profession ?
Chasseur de fantômes ?
Je ne peux pas chasser ni encore moins détruire les fantômes. Je ne les
recherche même pas. Je me vois plutôt comme un enquêteur rationnel, un
psychologue consultant, un auteur, ou quelqu'un qui fait de la formation
continue, au choix. Le journal The Daily Telegraph m'a affublé du
qualificatif d'"inspecteur de spectres". Cette appellation me convient
assez.
D'où vous vient cette passion pour les fantômes
?
En 1944 (Andrew Green est alors âgé de 16 ans), j'ai visité une maison
délabrée et abandonnée au 16, Montpelier Road, à Ealing, dans la
banlieue londonienne. J'étais avec mon père qui avait réquisitionné
cette maison pour y entreposer des meubles provenant de logements
bombardés. Construite en 1833, on y enregistra un meurtre et vingt
suicides jusqu'en 1934, toujours depuis le sommet d'une tour de vingt
mètres.
Que vous est-il arrivé dans cette maison ?
En haut de la tour, j'ai ressenti un désir puissant - je ne peux
l'exprimer autrement - de sortir par la fenêtre pour aller dans le
jardin. Avec la conviction profonde que je ne me ferais pas mal. J'avais
déjà sorti une jambe lorsque j'ai senti une main ferme sur ma nuque et
entendu mon père me dire. "Mais qu'est-ce que tu fais- là ?". Quant
nous sommes repartis, je me suis retourné et j'ai photographié la maison
vide.
Qu'y avait-il sur cette photographie ?
Le jour où je suis allé chercher les photos, le photographe me demanda:
"Qui est la fille à la fenêtre ?" J'étais d'abord incrédule, sachant
pertinemment que la maison était vide. Mais l'image d'un personnage
avait effectivement impressionné la pellicule. Plus tard, je découvris
qu'une fillette de 12 ans, Anne Hinchfield, était tombée de la tour en
1886. J'ai pensé: "Tiens, tiens, aurais-je en fait photographié un
fantôme ?"
Vous n'en êtes pas resté là ?
J'ai envoyé le cliché, le négatif et l'appareil photo chez Kodak. J'ai
reçu une lettre très gentille en retour confirmant que tout était
parfaitement normal et qu'il n'y avait aucune raison que je ne puisse
pas prendre une photographie de quelque chose que je ne pouvais pas
voir, moyennant deux conditions.
Lesquelles ?
Il ne fallait pas qu'il y ait un filtre sur l'objectif, et il fallait
utiliser une pellicule spéciale - Verichrome. J'avais rempli ces deux
conditions, ce qui impliquait que l'émulsion photographique était
capable d'enregistrer une image entre 380 et 440 millimicrons de la
partie infrarouge du spectre lumineux. J'ai cru alors qu'il s'agissait
de la formule pour un fantôme. J'ai adressé le tout chez Ilford,
concurrent de Kodak, pour vérification. J'ai reçu exactement la même
lettre avec un post-scriptum: "avec une pellicule Ilford, l'image aurait
été de meilleure qualité".
Comment, selon vous, les fantômes sont-ils
créés ?
Si un inspecteur de police se présentait maintenant à la porte de ma
maison et me disait: "Monsieur Green, nous sommes désolés mais nous
venons de trouver votre femme assassinée", qu'est-ce qui me viendrait à
l'esprit ?
Une image de votre femme ?
Précisément. Et de quoi serait-elle faite ?
De votre imagination ?
Non. Elle est constituée d'énergie électro-magnétique située entre 380
et 440 millimicrons de la partie infrarouge du spectre lumineux. Cette
image est transférée à l'endroit où je l'ai vue pour la dernière fois,
et peut être visible pour des gens particulièrement sensibles tels que
les voyants. En général, les fantômes sont vus pendant 25 à 35 secondes,
car il s'agit du temps durant lequel l'esprit de quelqu'un se trouve
dans un état agité après l'annonce d'une mauvaise nouvelle.
Ceci se produit-il chaque fois que quelqu'un
meurt ?
Non. Généralement, c'est lorsque les gens meurent de façon subite et
inattendue. Sinon, les lieux des grandes batailles seraient remplis de
fantômes. Ce n'est pas le cas car, en temps de guerre, la mort est
courante. Je n'ai encore jamais trouvé le fantôme de quelqu'un qui
serait mort paisiblement et de façon prévisible.
Seuls les êtres humains peuvent devenir des
fantômes ?
Cela peut également arriver à des animaux domestiques. Il existe des
fantômes de chiens, de chats, parfois de chevaux. Il est même possible
de rencontrer le fantôme d'une voiture ou d'un autobus s'ils sont
associés à des accidents mortels.
Qu'en est-il des bruits et des objets déplacés
(poltergeists) ?
L'activité des poltergeists est provoquée par l'énergie psychocinétique
produite par la peur ou le stress. C'est très différent des images de
fantômes qui sont tout à fait inoffensives. Le plus souvent, c'est
simplement l'idée d'un fantôme qui effraie les gens. Mais lorsqu'ils en
voient un, ils se rendent compte qu'il n'y a pas de quoi avoir peur.
Comment votre théorie est-elle reçue ?
Une seule fois, au cours des années 60, un universitaire a contesté ma
façon de voir. Il a entrepris des expériences de laboratoire qui n'ont
rien donné. Je lui ai montré les lettres de Kodak et d'Ilford, ainsi que
des informations issues de la NASA. Ils ont en effet pris des
photos-satellites d'avions et de voitures... qui n'étaient pas présents
lorsque l'appareil photo s'est déclenché. J'ai donc suggéré à ce
sceptique de transporter son matériel de laboratoire dans un lieu qui
avait, au moins, la réputation d'être hanté. Je n'ai reçu aucune
nouvelle depuis.
Selon quelle fréquence rencontrez-vous de
vraies histoires de fantômes ?
Parmi la douzaine d'affaires sur lesquelles j'enquête chaque année,
environ la moitié ont trait à des phénomènes où il y a effectivement
quelque chose d'anormal. Le plus souvent, il s'agit d'une activité
poltergeist - bruits de pas, mouvements d'objets. J'ai également appris
à me méfier des appels de gérants de pub prétendant que leur
établissement est hanté. il s'agit souvent d'un coup publicitaire.
En dehors de l'Albert Hall, quels autres lieux
célèbres avez-vous examinés ?
Au Palais de Justice d'Old Bailey, tout ce que j'ai pu établir est que
certains membres du personnel avaient entendu des bruits inexplicables
et des pas dans un secteur très ancien de l'édifice, apparemment proche
du trajet emprunté autrefois par les criminels venant d'être condamnés à
la pendaison. J'ai également enquêté au Drury Lane, le Théâtre Royal de
Londres, où une comédienne avait vu une apparition traverser une loge
d'acteur.
Quelle est votre méthode ?
D'abord, je rencontre les témoins pour jauger leur personnalité et pour
me renseigner sur ce qu'ils ont réellement ressenti. Je demande
l'autorisation de m'entretenir avec le médecin de famille, si je pense
que cela peut être important. Une femme vivant à Birmingham, par
exemple, affirmait être harcelée par un fantôme depuis des années. J'ai
fini par découvrir qu'on ne lui administrait pas les bons médicaments !
Il suffisait qu'une personne extérieure lui dise quoi faire...
Une sorte d'exorcisme non religieux ?
Précisément. Le pire dans cette affaire, c'est que cette femme était
passée par toutes les étapes spirituelles. L'église était intervenue,
ainsi que deux groupes distincts de spiritualistes. L'un d'eux a décrété
que le lieu avait été maudit par un homme de couleur mesurant 1,80 m, et
pour l'autre il s'agissait d'une malade mentale de 12 ans. Ils avaient
certes fait de leur mieux pour lui venir en aide, mais étaient parvenus
au résultat inverse en raison d'un manque de bon sens et d'une mauvaise
psychologie.
Et en cas de présence avérée de fantômes ?
Moi, je me rends là où des incidents ont eu lieu. Parfois, je note la
présence d'électricité statique, ou une baisse de la température. À
l'Albert Hall, il y avait une élévation de la température que je suis
incapable d'expliquer car elle va à l'encontre de toutes les règles.
J'arrive à une sorte de conclusion sur la question de savoir s'il s'agit
d'un fantôme, je présente mon rapport et dis aux gens: "C'est à vous de
décider. Que voulez-vous que l'on fasse ?". La plupart sont heureux d'en
rester là. Comme je me plais à le répéter, les fantômes, eux, ne font
rien.
Quel genre de matériel utilisez-vous ?
Les meilleurs instruments de détection : le bon sens et le sens de
l'humour. Sinon, je m'équipe généralement d'un enregistreur de hautes
fréquences, d'un thermomètre numérique couplé à une horloge qui me
permet d'enregistrer la température et le temps simultanément. Je prends
un mètre pour mesurer à quelle distance les sons se produisent, un
magnétophone et un appareil photo - qui ne marche pas toujours. Les
appareils déclarent parfois forfait à cause de l'interférence statique.
Ceci nécessite souvent un appareil destiné à disperser l'électricité
statique.
Pouvez-vous prouver l'existence de fantômes ?
La preuve est une affaire de croyance personnelle. Je pourrais produire
des éléments de preuve à profusion, mais ils ne seraient pas acceptés.
Certains diront: "Vous devez me croire, parce que j'ai vu le fantôme de
la tante Mathilde en bas du jardin". Et au nom de quoi devrais-je croire
cela ?
Qu'en est-il des théories selon lesquelles les
fantômes sont des esprits des morts ?
De l'auto-intoxication ! Je suis parvenu à cette conclusion après avoir
vu des médiums, assisté à des séances de spiritisme et lu des tonnes de
documents. Je peux me tromper. Si je meurs subitement demain, je
reviendrai peut-être vous hanter, et à ce moment-là, les spiritistes
pourront dire: "Andrew Green s'est trompé du tout au tout". Mais,
personnellement, après 25 années d'études du phénomène, je me borne à
croire que les fantômes et les apparitions sont des formes d'énergie
électro-magnétique située entre 380 et 440 millimicrons de la partie
infrarouge du spectre lumineux. Un point c'est tout.
(Source : "Facteur X", éditions SEMIC)
(*) Garnstone Press, 1973
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