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Angeline, d’Emile Zola (1898)

L’histoire : A l’occasion d’une promenade à bicyclette, sur un chemin désert de la banlieue parisienne, le narrateur tombe par hasard sur une maison abandonnée, lui inspirant immédiatement tristesse et angoisse. Désireux d’en apprendre plus sur la demeure délabrée, il engage la conversation avec la tenancière d’une auberge voisine. La vieille femme lui apprend alors qu’il s’agit de la Sauvagerie, une maison réputée hantée où se serait déroulé un drame familial il y a quarante ans. Angeline, une fillette d’une dizaine d’années, aurait été tuée accidentellement par sa belle-mère, jalouse de l’amour du père pour sa fille. Touché par cette tragédie, le narrateur se rend alors chez son ami poète pour en apprendre davantage. Une autre version des faits lui est présentée. Le souvenir d’Angeline ne cessera alors de le hanter jusqu’à la révélation finale…

Notre avis : Angeline est un conte classique qui s’appuie sur l’obsession d’un personnage pour une histoire tragique ayant marqué un lieu de mauvaise réputation. Le début évoque un autre conte fantastique, "La chute de la maison Usher" d’Edgar Allan Poe, où le narrateur est frappé, dès son arrivée, par la désolation d’une vieille demeure isolée, théâtre de sinistres événements familiaux. Il peut lire sur les murs décrépis de la maison le malheur de ses occupants. Or, le narrateur d’Angeline n’aura de cesse de percer le mystère de l’affreuse propriété, comme attiré par le fantôme de la jeune victime. Hanté par les images de la fillette décédée, il sera même victime d’étranges hallucinations. Romancier naturaliste versant rarement dans le surnaturel, Emile Zola exerce tout son talent dans l’approche psychologique de son protagoniste (lui-même ?), étroitement liée à l’esthétisme des lieux. Ce qui apporte à ce conte une vraie atmosphère et un suspense captivant jusqu’aux dernières lignes. O.V.

Extrait : « Assis dans l’ombre, je m’étais mis à revivre toute l’histoire tragique, m’abandonnant au rêve. Angeline avait-elle été assassinée ? S’était-elle enfoncé elle-même un couteau en plein cœur ? Et, je l’avoue, dans cette maison hantée, redevenue noire, la peur me prit, une peur qui ne fut qu’un léger malaise, qu’un petit frisson à fleur de peau, puis qui s’exaspéra, qui me glaça tout entier, dans une folie d’épouvante. »

Source : "Un bouquet de fantômes", anthologie de Barbara Sadoul, Librio, 2001

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