Séance de spiritisme mouvementée chez Castaldi

Invité de l'émission "Blast" sur la chaîne Action (TPS) en avril 2001, Erick Fearson fait l'une de ses dernières apparitions télévisées sous l'identité de Belphégor. Dans l'ambiance lugubre d'une cave parisienne, il est interviewé par Benjamin Castaldi qui semble avoir du mal à prendre au sérieux les sujets abordés. Alors que le film "Belphégor" de Jean-Paul Salomé vient de sortir, il est en effet question de démon, de bizarrisme, de chasse aux fantômes, de main momifiée et de spiritisme. Tout semble se dérouler normalement jusqu'à ce qu'Erick invoque, avec la complicité du présentateur, l'esprit de Anna...

Toute l’équipe de production nous avait donné rendez-vous dans un bar près de la Madeleine. Après un repas frugal avalé sur le pouce, nous descendons dans les entrailles d’un immeuble, à la recherche d’une ambiance de tournage, dans les dédales humides et poussiéreux d’une cave particulière.

Les techniciens sont prêts. Le matériel est installé. Erick se prépare.

En attendant le coup d’envoi de l’interview, Benjamin se chauffe au maquillage et Belphégor annonce le ton de la soirée en sortant, sous les yeux écœurés des assistantes, une authentique main momifiée. Elle fera beaucoup parler d’elle pendant l’émission. D’autant plus que ce deuxième numéro de Blast porte sur le film "Belphégor, le fantôme du Louvre" dans lequel on peut assister à l’autopsie d’une momie égyptienne…

Après quelques prises interrompues par le brouhaha de la chaufferie, l’interview est tournée d’une seule traite. Et, malgré les crises de fous rires dont a été victime Benjamin, raconter des histoires de revenants n’a pas rassuré tout le monde dans l’obscurité des couloirs…

Benjamin Castaldi : Nous allons maintenant recevoir notre invité du soir. C’est Erick Belphégor. Bonsoir.

Erick Belphégor : Bonsoir.

B. C. : Vous avez un regard... Vous me faites peur, déjà. Dites-moi, "Belphégor", ce n’est pas un hasard ?

E. B. : Ce n’est pas un hasard, non. Et c’est par provocation et par dérision. Par provocation parce que Belphégor était un démon de l’enfer. Et par dérision, par rapport au feuilleton et même je dirais la première version du film des années 20 car qui prendrait au sérieux quelqu’un comme Belphégor ?

B. C. : Et oui. Est-ce que les choses bizarres, je ne sais pas, les fantômes, faire tourner les tables,… ça vous vient depuis la petite enfance ? C’est quelque chose qui était en vous ? Vous êtes un sorcier ?

E. B. : Non, je dirais plutôt bizarriste.

B. C. : Bizarriste ?

E. B. : Bizarriste. Alors, le bizarrisme est l’intrusion brutale du mystère et de l’étrange dans la vie quotidienne en tant qu’expression artistique car ma finalité n’est pas de dire que cela existe ou que cela n’existe pas. C’est simplement soulever des questions plutôt que d’apporter des réponses.

B. C. : Vous parlez des fantômes. Vous êtes, ce qu’on appelle un chasseur de fantômes, un "ghostbuster" pour les gens qui ont vu le film. Vous avez une boîte ? Vous les enfermez ?

E. B. : Pour ce qui est du "chasseur de fantômes", on confond trop souvent le chasseur de fantômes, c’est à dire qui va aller sur le lieu, et qui va chasser les fantômes, les pousser hors de la maison. Un chasseur de fantômes est plutôt là pour voir si effectivement la maison est hantée et expliquer le phénomène.

B. C. : Alors vous venez chez moi, imaginons, je dis "y’a un fantôme". Qu’est ce que vous faites en premier ?

E. B. : Alors il y a plusieurs méthodes mais nous allons dans le lieu hanté, la pièce hantée, et pour voir si on peut percevoir quelque chose, on utilise un certain nombre de techniques comme les caméras infrarouges, photos infrarouges, thermomètre pour les baisses de températures, et ensuite par rapport à cela, voyons s’il y a ou non manifestation.

B. C. : Alors, je suppose que quand on est chasseur de fantômes, quand on pratique le bizarre, quand on fait des expériences, on a des objets.

E. B. : Oui effectivement…

B. C. : On n’imaginerait pas un animateur sans micro, par exemple. Alors, vous, c’est quoi vos petits porte-bonheurs, vos petites amulettes, vos petits trucs,…

E. B. : Je collectionne les objets bizarres à travers le monde. Je vous ai amené là un objet assez particulier.

B. C. : Qu’est ce que c’est ?

E. B. : Un objet assez particulier puisque c’est ce qu’on appelle une "main de gloire". C’est en fait une main momifiée…

B. C. : … c’est une main de cadavre ?

E. B. : Voilà. C’est une main de cadavre qui était utilisée par les sorciers. Celle-là date de 300 ans à peu près.

B. C. : Si on touche, il n’y a pas de sort ?

E. B. : Non, du tout…

Benjamin effleure la main du bout des doigts.

E. B. : … enfin, pour l’instant !

Il lâche la main. (rires)

B. C. : Non, sans rire. Y’a pas de sort ?

E. B. : Non. Et donc celle-ci était, (Benjamin reprend la main) attention elle est très fragile, celle-ci était utilisée pour pouvoir paralyser les personnes ou pour pouvoir ouvrir n’importe quelle serrure.

Alors pourquoi une main de pendu ? Quel est le rapport avec les fantômes ? Il faut savoir qu’on a recensé beaucoup de fantômes aux croisements des chemins. L’explication est simple. C’est qu’à une époque, on pendait les personnes aux croisées des chemins car quand le fantôme de ce défunt, si fantôme il y avait, réapparaissait, celui-ci ne savant quelle route choisir, ne pouvait pas aller se venger contre celui qui l’avait condamné.

B. C. : Mais ça vous sert à quoi d’avoir une main de pendu ? Ça fait un effet bœuf pendant un dîner mais à part ça ?

E. B. : A part ça, j’utilise ce genre d’objets dans les séances que je pratique dans les châteaux, les manoirs,… Je raconte l’histoire et parfois, des phénomènes un peu bizarres arrivent…

B. C. : Par exemple ? Là, on est dans une cave. La légende veut que dans cette cave, au sous-sol, y’a un ancien cimetière. Donc on est en plein dedans… Est-ce qu’on peut faire quelque chose avec la main ? La table ?

E. B. : On peut peut-être invoquer un esprit. J’ai un esprit guide avec lequel j’entre en contact assez souvent qui se prénomme Anna. Voulez-vous que l’on tente d’entrer en communication avec Anna ?

B. C. : Et la main, elle sert à quelque chose, là ?

E. B. : Peut-être, je ne sais pas.

Mais peut-être que l’esprit d’Anna va intervenir à travers la main, sait-on jamais… Alors comme toute séance spirite qui se respecte, nous allons placer les mains comme cela. (Benjamin et Erick placent leurs mains à quelques centimètres au dessus du guéridon) Anna, es-tu parmi nous ce soir ? Si tu es parmi nous, donne-nous un signe. Maintenant ou jamais ! (La table tremble. Benjamin éclate de rire. Après quelques oscillations, la table s’immobilise). Ah, je crois qu’Anna était parmi nous ce soir. Anna ?

B. C. : Oui ! (s’adressant à la table) Anna ? Es-tu là ?

E. B. : Ah ! J’ai bien peur qu’elle… (la table semble hésitante) Ah ! Existe-t-il une vie dans l’au-delà ? Nous devrons attendre la fin du voyage pour connaître la vérité, à mon avis.

(Benjamin interpelle avec ironie l’esprit d’Anna. Après quelques instants, le guéridon bouge timidement)

B. C. : Ah ! Vous voyez ?!

E. B. : Elle est joueuse…

B. C. : Est ce que je peux soulever le guéridon ?

E. B. : Ah vous pouvez, vous pouvez…

(Benjamin soulève le guéridon à la recherche d’un éventuel trucage. Sans succès)

B. C. : C’est dingue ! (fou rire interminable de Benjamin)

E. B. : Je crois que l’esprit d’Anna est à travers le corps de Benjamin… (rires)

B. C. : Ecoutez… Merci beaucoup… (Benjamin a du mal à s’arrêter de rire). Merci beaucoup Erick Belphégor. Je vous rends votre main. Parce que je ne vais pas la ramener chez moi. C’est incroyable alors on peut vous retrouver, alors là sans danger, y’a pas de chance que l’ordinateur ne vous explose à la figure,…

E. B. : …normalement non !

B. C. : … sur un site : www.ma maison est hantée… (éclat de rire)

E. B. : Maison-Hantee.com !

B.C. : Merci beaucoup ! Je vous laisse là, hein ? On vous rappellera dans un siècle !

Sources : Soirée thématique sur les fantômes et les maisons hantées - Diffusion le mardi 10 avril 2001 sur la chaîne AB Action du bouquet TPS