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Au cœur de la
Bourgogne, le Morvan est un parc naturel régional, une île de
granite au carrefour entre l’Yonne, la Côte-d’Or, la
Saône-et-Loire et la Nièvre. Issu d’une longue histoire,
commencée au plan géologique il y a plus de 300 millions
d’années, le Morvan est une formidable richesse naturelle et
sauvage choisie autrefois par les civilisations gallo-romaines
pour asseoir leur pouvoir. Du Nord au Sud se succèdent
montagnes, collines, terres agricoles, forêts, rivières et lacs.
Domptant avec plus ou moins de facilité cet écrin de verdure,
enchanteur l’été et rude l’hiver, les villages et hameaux se
disputent légendes et traditions, s’appuyant sur une multitude
de sites, certains touristiques comme Bribacte, Vezelay ou
Autun, d’autres plus secrets que seuls les guides de pays savent
approcher. |
L’intrépide voyageur
qui relève le défi de sillonner les routes tortueuses du Morvan à la
découverte de son patrimoine mystérieux se prépare à rencontrer fées et
dames blanches, lutins et fantômes celtiques, diables et sorciers.
Toutefois, il faut savoir faire silence pour entendre leurs murmures car
le Morvan ne s’exprime qu’à travers les arbres et les pierres…
Par
Olivier Valentin
Pour aborder les mystères du Morvan, il
faut d’abord comprendre sa structure géographique.
Au Nord, le Morvan bocager est un massif
granitique qui affronte le calcaire de l’Auxerrois. De Saulieu,
haut-lieu gastronomique, à la colline éternelle de Vezelay, on traverse
des paysages au relief docile, clairsemé de chefs d’œuvre
architecturaux, géologiques et spirituels. C’est sur cette frontière
avec le Bassin Parisien que nous avons découvert le Château de Chastenay,
près des grottes d’Arcy-sur-Cure, présenté par son propriétaire comme un
site magique, de par sa position et son esthétisme.
Au centre, le Haut Morvan des Collines
offre, d’ouest en est, de magnifiques panoramas surplombant grands lacs
et paysages de bordure. Avant d’atteindre la vallée du Ternin, près de
Cussy-en-Morvan, les forêts et les prairies tourbeuses se mêlent
intimement pour former un territoire secret où les fées se sont rendues
maîtresses des eaux.
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Au sud, la
Montagne Morvandelle nous fait monter en altitude, toute
relative. Couverts par de grands massifs forestiers, les sommets
aux versants raides, dont le point le plus haut culmine à 901 m
avec le Haut-Folin, subissent les griffures de profondes
vallées. Dans ces cuvettes isolées se nichent quelques villages
au tempérament vigoureux et dont les habitants n’ont jamais eu
peur d’affronter les facéties du Diable. Nous sommes allés à la
rencontre de ces héritiers des Gaulois pour qui chaque pierre
renferme un trésor bien gardé… |
Du pain et du sel pour
une vilaine fée
La démarche du chasseur de légendes,
propre à Maison-Hantee.com, demeure rigoureusement la même. Je consulte
des ouvrages régionaux (la plupart épuisés), interroge les habitants de
mon village et passe quelques appels téléphoniques à des associations de
guides de pays. La responsable de l’une d’elle (1) me réserve un accueil
chaleureux. Bien qu’elle ne couvre ni la zone ni la thématique qui me
préoccupent, elle me fait part néanmoins de la légende de la Beuffenie
attribuée à la Galafre, un vallon près de Précy-sous-Thil, au nord-est
de Saulieu. D’après A. Beuchot, y logeait autrefois une vilaine fée qui
se manifestait à minuit aux voyageurs intrépides, leur réclamant du pain
et du sel. Un chemin de randonnée conduit aujourd’hui aux rochers de la
Beuffenie qui, en disparaissant, pétrifia son domaine. On trouve
d’ailleurs dans le Morvan plusieurs histoires portant sur la naissance
de pierres légendaires, aux formes étranges et aux surnoms évocateurs.
Les origines gauloises de nombreux sites justifient ces témoignages de
l’imagination populaire.
Un pari marqué dans la
roche
A la Roche-en-Brenil, un village du
nord-Morvan traversé par la N6 reliant Avallon à Saulieu, on peut
admirer les rochers du Poron-Meurger, un amas de pierres sculptées par
l’érosion et investies par le souvenir du Diable. Ce dernier aurait fait
un pari avec le Bon Dieu : s’il parvenait à bloquer la sortie de
l’église du bourg avec un énorme rocher provenant de l’étranger, avant
la fin de la messe, il obtiendrait toutes les âmes des paroissiens. Mais
il arriva trop tard de son voyage et jeta son fardeau dans la forêt,
laissant dans la roche l’empreinte de ses doigts et de ses épaules. Le
promeneur peut toujours emprunter l’escalier qui mène au rocher
principal et dont la cavité la plus profonde porte le surnom de
« Fauteuil du Diable » en mémoire à l’endroit où le Diable s’assit après
sa défaite.
Toujours dans le cadre de la même balade,
on peut croiser la Pierre aux Bœufs, lieu sacrificiel en forme de corps
humain, et les deux Pierres Pelot, anciens lieux de cultes gaulois.
Le mystère de la grande
pyramide
Inspiré par ces
itinéraires de granite et de légendes, ma curiosité est piquée
par la présence d’un monument pyramidal, sur les hauteurs de la
ville d’Autun, la Pierre de Couhard. Dominant l’antique
nécropole du « Champ des Urnes », baptisé ainsi en souvenir des
urnes à incinération découvertes dans les labours au sud de
l’ancienne cité gallo-romaine d’Augustodunum, cet édifice
énigmatique d’une hauteur de 22 mètres se dresse dans le village
de Couhard et n’a jamais livré son secret : mausolée ou
cénotaphe (2) ? Malgré des fouilles (qui expliquent d’ailleurs
la présence d’un orifice au centre de la pierre), les
archéologues n’ont découvert aucune chambre funéraire
intérieure, ni ossements. Seule une tablette magique en plomb
datant du IIème siècle après J.C. et portant des inscriptions
maléfiques en latin et en grec a été mise à jour à la base du
monument. Elle témoignage du caractère funéraire de la pyramide. |
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Le trésor du serpent
volant
Je poursuis ma route vers l’ouest en
direction du Mont Beuvray. Un article du Guide Noir de la Bourgogne
Mystérieuse, publié en 1976 par les Editions Princesse, m’a donné envie
d’en savoir plus sur la Pierre de la Wivre, perdue dans les forêts de
Saint-Léger-sous-Beuvray. Elle aurait la réputation de protéger un
trésor. Je me mets donc en chasse, sans prendre garde aux rumeurs selon
lesquelles le butin serait gardé par un serpent volant du nom de Wivre
(ou « vouâvre » d’après les Morvandiaux) et que seule la ruse permet de
détourner de sa mission. Mes indices sont maigres et approximatifs :
« (…) Le chemin herbeux venant de l’Echenaud que l’on rencontre bientôt
sur la droite délimite avec le rempart et la route qui vient d’être
suivie un triangle baptisé le Champlain. (…) Dans la partie nord-ouest
du Champlain se dresse un rocher isolé, haut de 4 mètres, long de 9, sur
une plate-forme rocheuse de 150 mètres sur 90 » (3). A défaut de
localisation précise, je connais maintenant les mesures du rocher au
mètre près ! Mes yeux louchent alors sur une carte routière pour tenter
de situer le rocher aux abords du lieu-dit l’Echenault, sur la D18 entre
Glux-en-Glenne et Saint-Léger-sous-Beuvray, en espérant que l’office du
tourisme local aura songé à planter un petit panneau depuis la route.
Peine perdue ! Point de pierre, ni de panneau ! Tel Harry Potter à la
recherche du Basilic, je ferai mieux de guetter le vol de la Wivre…
C’est au moment où vous êtes sur le point de capituler que la chance
vous sourit. De passage à Saint-Léger, je m’arrête à la mairie et me
renseigne sur la Wivre. On m’indique alors Bibracte ! Comment n’y
avais-je pas songé plus tôt : la pierre doit se trouver sur le site
archéologique de cette ancienne capitale gauloise ! Je me rends donc au
musée dédié à la civilisation celtique et aux découvertes de Bibracte.
C’est effectivement la base la plus sûre pour sillonner, à pied ou en
navette gratuite, les chemins de randonnée du Mont Beuvray. Depuis la
Porte du Rebout, j’accède au « Teureau de la Wivre » à travers une forêt
mystérieuse, hantée par le souvenir des Eduens, de Vercingétorix et
même… de Jules César !
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Face au rocher,
le spectacle est magique. « Sur sa face nord, une sorte de
rampe qui conduit au sommet paraît avoir été aménagée pour en
faciliter l’accès. Une cuvette creusée à la partie supérieure,
souvent à demi remplie par les eaux de pluie, porte le nom de
Fontaine des Larmes » (3). Je peux constater en effet la
présence de cette cuvette, d’après les exclamations d’une jeune
fillette escaladant le rocher : "Y’a d’l’eau !". De l’eau mais
pas de trésor ! Plusieurs explications sont attribuées à ce
rocher : S’agit-il d’un autel sacrificiel ? |
D’une tribune où officiait Vercingétorix
devant ses chefs gaulois ? Des restes de la carrière utilisée pour la
construction des remparts ?
Quoi qu’il en soit, l’hypothèse qui m’a
mené ici est, encore une fois, ésotérique. Il y a moins d’un siècle, une
fois l’an, lors de la procession des Pâques fleuries, un serpent volant
déplaçait la pierre et révélait un trésor. D’autres traditions racontent
qu’il suffit de jeter de la mie de pain sur l’argent exposé au soleil.
Tout ce qui est touché est à vous ! Ultime technique : s’emparer des
richesses et traverser le plus vite possible un filet d’eau courante,
aussi mince soit-il. La Wivre serait alors incapable de reprendre son
bien. Mais qu’arrive-t-il aux audacieux qui manquent leur coup ?
Je me laisse alors rêver à l’histoire de
cette femme qui, au lieu d’aller à la messe, se rendit à la Pierre, avec
son enfant. Alors que la roche était déplacée et le trésor exposé, elle
s’empara des richesses et échappa de justesse aux assauts de la Wivre.
Mais elle ne retrouva pas son enfant ! Le curé lui conseilla de
retourner à la Pierre chaque jour pour y verser du lait et du miel dans
la « Fontaine des Larmes » pendant une année entière. Et, quand
reviendrait le jour d’ouverture de la Pierre, elle devait rapporter le
trésor et ne rien conserver. La malheureuse s’exécuta scrupuleusement,
bravant tous les temps, jusqu’au jour où elle retrouva son enfant, en
parfaite santé. Plusieurs variantes de cette légende existent dans les
communes alentour avec des issues bien moins heureuses…
Avant de quitter Bibracte, je tombe sur un
site de fouilles mettant à jour un ancien couvent de Cordeliers datant
du XIVème siècle et détruit en 1570 par les huguenots. Ces vieilles
pierres mises à jour par une équipe d’archéologues allemands (4)
semblent libérer quelques fantômes de moines franciscains. D’autres
mégalithes sont signalés dans les environs, notamment la Roche Salvée où
s’élevait autrefois un petit oratoire païen, mais le balisage parfois
évasif et les temps élevés de parcours me dissuadent de les rejoindre.
Un conseil pour les amateurs d’archéologie : consacrer une demi-journée
pour profiter de toutes les richesses du site… et prévoir de bonnes
chaussures de marche !
Géologie surnaturelle
Certaines pierres de légendes sont mises
en valeur par les amoureux du patrimoine à grands renforts de
signalétique, d’autres en revanche sont abandonnées au hasard des
promenades. En effet, la formation géologique du Morvan, associée aux
traditions populaires, offre à la Bourgogne un chapelet de sites
rocailleux qui font le bonheur des randonneurs et des conteurs. Dans le
Morvan, la route des fantômes coïncide souvent avec les itinéraires
géologiques où le Diable et les Fées laissent leurs empreintes
surnaturelles. Près d’Arleuf, sur la D978 qui relie Autun à
Château-Chinon, on parle d’une pierre dite du Pas-de-l’Ane qui
servait au repas des Fées. Situé près des Brenets, au nord de la
commune, ce bloc de granit portant de multiples cavités et figures
bizarres n’est aujourd’hui accessible que par un chemin de forêt.
Toujours animé par la magie des pierres,
je prends la route des grottes d’Arcy-sur-Cure, situées au nord de
Vézelay, sur la D951 en direction d’Auxerre.
Deuxième grotte ornée du monde par
l’ancienneté de ses peintures, ce site pittoresque (5) offre une plongée
fantasmagorique dans les entrailles de la terre à la découverte d’un
réseau de galeries, de souterrains et de salles géantes. Sculptées par
l’eau et le calcaire de la Cure depuis le Paléolithique, des formes
naturelles évoquant des personnages fantastiques ou des animaux
mythologiques constituent les vestiges d’un long travail de la nature.
Des peintures rupestres témoignent des occupations humaines qui se sont
succédé depuis plus de 200 000 ans !
Les mystères du
Chastenay
Mais ce n’est pas tant la notoriété de ce
remarquable site touristique que le château avoisinant qui me conduit
au-delà des limites du Morvan. En chemin, je prends le temps de
pique-niquer au bord de la Cure, au pied de la Roche Percée de Pierre-Perthuis,
une curiosité géologique en forme d’arche naturelle.
Comment avais-je entendu parler du Château
de Chastenay, situé sur le hameau du Val-Sainte-Marie, entre les grottes
et la commune d’Arcy, comme haut-lieu de phénomènes surnaturels ?
La découverte de ce castel tient à la
lecture d’un chapitre du livre de Daniel Réju, « Les demeures de
l’impossible : fantômes et maisons hantées », que j’avais déniché dans
une brocante à Autun. J’avais passé toutes les adresses de lieux hantés
au peigne fin pour finalement me rendre compte que celle-ci se visite
les mois d’été. Quelle aubaine ! Mais j’allais réaliser que tous les
chemins de l’étrange ne mènent pas aux revenants…
Lorsque le propriétaire du manoir, Gabriel
de la Varende, a récupéré dans les années 1960 une demeure en piteux
état, il était loin de se douter des extraordinaires phénomènes dont il
allait être le témoin. Et pourtant, à postériori, il est persuadé que le
destin ne lui a pas fait croiser la route de cet édifice par hasard…
« Je crois, explique le comte de la Varende, qu’une volonté supérieure
exigeait que le manoir du Chastenay me revînt. C’est elle sans doute
qui, un an auparavant, m’avait poussé à faire établir mon arbre
généalogique, ce qui me permit de découvrir ma filiation bourguignonne
et, par voie de conséquence, me permit d’hériter du manoir. » (6)
Quand on se
présente au château, les jours d’ouverture (7), un jeune guide,
encore hésitant mais visiblement passionné par son sujet, vous
propose une « visite » architecturale de la façade et d’une
salle du rez-de-chaussée. Pour 7 euros par personne, vous
assistez, à l’ombre des auvents qui encerclent la cour, à une
mini-conférence sur la symbolique templière, pythagoricienne et
alchimique du château. Mais aucune allusion à la Dame Blanche,
aux plaintes étouffées, aux bruits de portes ou aux borborygmes
nocturnes dont le comte, grand amateur d’ésotérisme, fit
l’expérience dès son arrivée. Il a réservé ces anecdotes à
l’ouvrage de Daniel Réju. Je souhaite vous en rapporter ici les
meilleurs extraits. Il est ensuite facile de revivre ces
aventures en s’appuyant sur l’atmosphère énigmatique des lieux. |
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Anciennement château du Lys (8) du XIème
jusqu’au milieu du XIVème siècle, l’actuel manoir du Chastenay date de
1349 et doit son édification à Guillaume d’Aulenay. Il est bâti
au-dessus d’un réseau de grottes souterraines inondées et à
l’intersection de deux routes symboliques : la route romaine d’Agrippa
reliant Lyon à Boulogne par Autun et celle du pèlerinage de
Saint-Jacques de Compostelle depuis l’Allemagne et passant par Troyes.
Cette localisation n’est pas innocente puisque le château a été conçu
comme une « cage de Faraday » favorisant la rencontre entre les forces
terrestres et les forces célestes. Ainsi exposés à de puissants courants
telluriques, les habitués du château reconnaissent profiter de leur
influence bénéfique contre la fatigue et la déprime.
Peut-être s’agit-il également d’une
condition indispensable à la réalisation de travaux alchimiques ! Au
cours de la visite, on apprend en effet que la demeure serait un
haut-lieu de l’alchimie médiévale. Force est de constater la présence de
nombreux symboles et peintures en rapport avec le Grand Œuvre qui
consistait à transformer le plomb en or : « Tous les symboles se
rattachant à la fabrication de la pierre philosophale sont inscrits dans
la maison, estime le comte de la Varende, et, pour quelqu’un qui est
initié, le fait est extrêmement troublant. » (6) Comme pour les
cathédrales, la recette secrète serait donc dissimulée sur les murs de
manière hermétique ? Au-dessus de la porte des sages, dans la tour
Saint-Jean qui permet d’accéder à l’intérieur du château, on distingue
très nettement plusieurs figures allégoriques sculptées sur le porche.
Et dans l’unique salle accessible au public, on peut admirer une série
de peintures sur bois (dont la préservation semble difficile)
représentant la vie d’un saint. Mais en aiguisant ses yeux, on peut y
lire le cheminement vers la sagesse suprême. A vous de jouer !
La position stratégique du château
expliquerait-elle aussi l’origine des phénomènes étranges qui se
produisent la nuit ? Les premiers jours d’occupation, le comte de la
Varende fut tiré plusieurs fois de son lit par des bruits de portes, des
plaintes étouffées, des froissements d’ailes ou des sons plus étranges,
« comme si d’énormes siphons se vidaient » (6). Mais il s’est
vite habitué à côtoyer le surnaturel, sans jamais en trouver la cause,
pas même dans le dédale de grottes sous le château où l’eau coule
librement…
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Le Chastenay
est également fier d’abriter une « dame blanche » dont
l’identité demeure un mystère. En effet, contrairement aux
légendes associées à ces spectres dont on connaît toujours le
nom et la cause du décès pour expliquer la hantise, rien ne
permet de savoir qui est la forme baignée de lumière que l’on
aperçoit parfois aux fenêtres ou dans le parc. D’après Gabriel
de la Varende, il s’agirait d’une descendante directe d’une
famille d’origine écossaise. Adulée par les paysans, elle
n’aurait jamais pu se séparer de sa demeure, malgré les troubles
de la Révolution et surtout… malgré sa mort ! |
Après quelques mots d’humour échangés avec
le guide sur les secrets du Chastenay, je quitte le château avec une
pointe d’amertume. J’ai l’impression de ne pas en avoir eu pour mon
argent, malgré le fort potentiel insolite du site. En effet, je pensais
qu’un féru d’ésotérisme comme le comte de la Varende aurait davantage
ouvert les portes de son antre pour nous faire partager ses passions.
Cruelle déception ! Une seule consolation : se procurer ses
publications, d’ailleurs présentées en fin de visite. L’insolite paie…
A la belle, tant elle
vaut
Dernière entorse au Morvan : les environs
de Beaune où je me rends au Château de La Rochepot, niché au sommet du
piton de la Roche Nolay. Aujourd’hui propriété des descendants de la
veuve du président Sadi Carnot, il est ouvert à la visite (9). Depuis la
route départementale 973 qui relie Autun à Beaune, j’aperçois les tuiles
multicolores vernissées du toit du château, si typiques dans la région !
Datant à l’origine du XIIIème siècle et
acheté en 1403 par Régnier Pot, il doit son aspect actuel à l’issue
bienheureuse d’un combat que mena ce noble chevalier berrichon contre un
lion.
Lors d’une bataille livrée en 1396 devant
Nicopolis par le duc de Nevers, futur Jean sans Peur, contre les troupes
du sultan Bajazet, Régnier Pot fut fait prisonnier. Mais sa bravoure
saluée par l’ennemi lui valut une proposition en mariage… avec la sœur
du sultan ! Etant déjà marié et refusant d’adopter la religion
islamique, le prisonnier déclina l’offre et fut alors contraint de
prouver son courage dans un ultime affrontement. La veille du combat, il
fit ses prières et dormit profondément. La Vierge apparut alors dans son
sommeil pour lui donner un conseil : « Frappe bas ». Le matin suivant,
il fut conduit dans une arène et, armé d’un cimeterre, se retrouva face
à un lion furieux. Après une courte prière à la Madone, « A la belle,
tant elle vaut » (qui deviendra la devise de sa maison), Régnier Pot
trancha d’un coup les deux pattes antérieures de l’animal et n’eut aucun
mal ensuite pour l’achever. Le sultan décida alors de libérer le noble
prisonnier qui revint en Bourgogne pour acheter La Roche Nolay et
refortifier le château existant. Fait chevalier de la Toison d’or dès la
création de l’ordre, il exerça, entre autres, les fonctions de
chambellan du duc de Bourgogne.
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En se promenant
dans le parc, on peut encore voir les ruines de la forteresse
primitive datant de 1180. Une autre curiosité qui défie
l’imagination : la présence d’un puits, au milieu de la cour
depuis 1228, entièrement construit à la main dans le roc et dont
la profondeur atteint les 72 mètres ! Passé le pont-levis, le
lieu est magique, digne d’un conte de fée ! En attendant la
visite guidée (incontournable !), je déambule librement sur la
terrasse et le chemin de ronde, dans l’espoir d’y croiser une
ombre surgie du passé. Plusieurs salles, richement décorées,
forcent mon admiration. Je n’ai pu obtenir aucun indice
concernant une possible hantise mais la visite de cette
forteresse seigneuriale que les péripéties de l’histoire n’ont
pu vaincre vaut vraiment le détour tellement l’ambiance est
forte. Un magnifique voyage à travers le temps et l’imaginaire
médiéval ! |
Gâté par l’enchantement de La Rochepot, je
décide de mettre un terme à ma chasse aux légendes même si la Bourgogne
mystérieuse ne m’a pas livré tous ses secrets… Loin de là ! Mais je fais
le serment d’y revenir poursuivre mes recherches. En attendant, vous,
lecteurs, qui aimez suivre nos pas sur Maison-Hantee.com, osez partir à
l’aventure sur les routes de l’étrange et prolonger sur place le plaisir
de notre enquête. Une nouvelle piste ? Franchissez les murailles du
Château de Couches, sur la route de Chalon-sur-Saône, où, paraît-il,
Marguerite de Bourgogne, reine de France, y vécut en grand secret
jusqu’à sa mort en 1333. Château-fort imprenable, il cache un réseau de
souterrains et sa tour des prisons fait froid dans le dos ! Un dernier
conseil : ne vous éloignez pas trop de Couches car on raconte qu’une
bête proche du dragon dévorait les enfants et semait la terreur dans le
pays. Et la légende ne dit pas si la créature a disparu…
O.V.
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(1) Association Balades et Légendes.
Organisation de randonnées pour des groupes de 10 à 15 personnes autour
de Précy-sous-Thil. Tél : 03 80 64 55 55 – Email :
balades.et.legendes@wanadoo.fr
(2) Cénotaphe : monument funéraire élevé
dans un lieu sans dépouille mortuaire
(3) Guide de la Bourgogne et du Lyonnais
Mystérieux, Patrice Boussel, les Guides Noirs, Club Princesse, 1976, p.
495 et suiv.
(4) En tant que Centre Archéologique
Européen inauguré en 1989 par François Mitterrand, il accueille des
équipes d’archéologues venant de toute l’ancienne Europe celtique. Plus
d’infos :
www.bibracte.fr
(5) Informations :
http://www.grottes-arcy.net/
(6) Les demeures de l’impossible :
fantômes et maisons hantées, Daniel Réju, Collection « Les Mystères de
l’Univers », Editions Rombaldi, 1978 (épuisé).
(7) Informations :
http://www.cahiers-du-chastenay.com/
(8) Le Lys, fleur à 6 pétales, représente
en symbolique ésotérique le « nombre du parfait équilibre, de l’harmonie
apparentée à la musique » (d’après René Gilles, Le Symbolisme dans
l’art religieux, éditions La Colombe)
(9) Informations :
http://www.larochepot.com
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:
Le courrier d'une lectrice, en réaction à cet article
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Remerciements : Guides en Morvan (03 85 54 28 95 -
guidesenmorvan@wanadoo.fr)
©
Crédits photographiques : O.V. et Jean Valentin pour Maison-Hantee.com |