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Quand les fantômes et les monstres sortent de
leurs tanières pour s'associer aux criminels dans les bas-fonds de
Londres ou au cœur d'une maison hantée, un seul détective peut mener
l'enquête : Harry Dickson !
Lorsque Sherlock Holmes ouvre son bureau
au 221B Baker Street en décembre 1886, son créateur Arthur Conan Doyle
est l’instigateur d’un filon que de nombreux éditeurs vont flairer : les
aventures d’un détective et de son acolyte dans l’Angleterre
victorienne.
Certains auteurs vont prendre la peine de créer un nouveau personnage
inspiré du célèbre limier de Londres, d’autres au contraire vont
s’approprier sans autorisation le Sherlock Holmes de Conan Doyle pour
lui faire vivre de nouvelles aventures.
C’est ainsi qu’apparaît le 17 janvier 1907 en Allemagne le premier
fascicule d’une série intitulée « Sherlock Holmes et ses plus fameuses
aventures ». Après des pressions exercées par les éditeurs de Conan
Doyle en Allemagne puis dans plusieurs autres pays d’Europe, le nom de
Sherlock Holmes va peu à peu disparaître des couvertures puis des
fascicules en entier.
Mais le concept perdure et le héros est vite rebaptisé. Il prend le nom
de Harry Tixon ! La rumeur raconte qu’un éditeur néerlandais s’est
inspiré en 1927 d’un musicien français du nom de Henry Dickson pour
inventer le nom de Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain !
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En 1929, la
version française des fascicules originaux est confiée à un
certain Raymond De Kremer qui prend le nom de Jean Ray pour
traduire une quarantaine d’histoires. Devant la médiocrité des
textes, il prend l’initiative de perpétuer lui-même les enquêtes
de Harry Dickson et de son élève Tom Wills. Et dès le 1er avril
1932, Jean Ray fait chauffer sa machine à écrire à raison de 4
heures par nuit pour donner naissance à plus d’une centaine de
fascicules inédits publiés chaque quinzaine dans les kiosques
sur du papier bon marché. Malgré le rythme effréné de travail
que va vivre l’auteur, essentiellement pour gagner sa vie après
quelques années passées en prison probablement pour contrebande,
son nom ne sera même pas crédité aux couvertures avant les
années 60 ! |
Mais la paternité de ces aventures lui a
été restituée grâce à son ami Henri Vernes, créateur de Bob Morane, qui
a fait de Jean Ray le plus grand auteur fantastique vivant.
Pourquoi fantastique ? Parce que les aventures d’Harry Dickson ont donné
naissance à un univers unique où l’intrigue policière plante son décor
dans le monde de l’étrange. Des criminels sans scrupules côtoient des
monstres hideux aux rituels exotiques, dans les bas-fonds d’une
Angleterre plongée dans les brumes. Des machines infernales se
déclenchent dans les souterrains de vieux manoirs hantés avant d’être
stoppées in extremis par un rebondissement aussi spectaculaire
qu’improbable.
A mi-chemin entre John Dickson Carr, le Maître des énigmes de chambres
closes, et Edgar P. Jacobs, le père de Blake et Mortimer, Harry Dickson
est le détective de l’étrange qui lit à travers les mystères de la
science pour conclure à l’explication rationnelle d’extraordinaires
phénomènes.
Olivier Valentin
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>> Pour en savoir plus : consultez
l'excellent
dossier
de Johnny Hart, richement documenté, sur les secrets de Harry Dickson.
>> Pour se procurer les anthologies de Jean Ray : la meilleure
piste conseillée par les fans restent les bouquinistes, les brocantes et
le web ! Bonne chasse !
>> Si vous peinez à trouver les livres
de Jean Ray : les éditions Terre de Brume (collection Terres
Mystérieuses) ont publié plus récemment "Les nouvelles enquêtes de Harry
Dickson" par
Gérard Dôle : "Le Vampyre des Grampians" (septembre 2003)
et "Le Loup-Garou de Camberwell" (octobre 2004). |