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Dieu détient-il la clef
de tous les mystères du paranormal ? En tous cas, une chose est sûre :
le diable en aurait fait des copies...
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En ce temps de
Pâques, Maison-Hantee.com ouvre un dossier exceptionnel sur
l'Eglise face au paranormal : pouvoirs surnaturels de l’homme,
spiritisme, astrologie, Nouvel Age, démons et fantômes,… Comment
l’église catholique juge-t-elle ces phénomènes à l’aube du 21ème
siècle ? Déjà intimidée par le succès mondial du Da Vinci
Code, qui a réussi à captiver des millions de lecteurs en
prenant des libertés avec l’histoire du christianisme, l’Eglise
se doit, plus que jamais, d’adopter une position claire et
engagée vis-à-vis de l’étrange et du mystère. L’intrusion
fréquente du fantastique dans notre vie quotidienne pousse
aujourd’hui les prêtres à répondre à de nombreuses questions sur
les possessions, les hantises et la communication avec les
morts. Jésus a-t-il été le premier exorciste ? Puisque l’âme
survit à la mort du corps, les esprits peuvent-il revenir nous
hanter ? Peut-on ouvrir les portes de l’au-delà ? Quels sont les
dangers du paranormal pour la foi chrétienne ? Pour notre vie
humaine, tout simplement ? |
Pour débattre de ces
sujets sensibles, Maison-Hantee.com a poussé la porte d’une paroisse
parisienne à la rencontre du Père Olivier Rolland, vicaire de l’Eglise
Saint-Léon, dans le 15ème arrondissement. Une rencontre bouleversante !
Propos recueillis par Olivier Valentin
L’Eglise, lieu de prière et de croyance,
ne peut pas nier la réalité de phénomènes dits paranormaux, autrement
dit dont la science officielle, dans l’état actuel de son progrès, ne
peut expliquer la cause : télépathie, spiritisme, sorcellerie, voyance,
lévitation, fantômes,… La Bible regorge de récits extraordinaires qui
nous émerveillent jusqu’à ébranler nos convictions rationalistes
(guérisons, exorcismes, songes, résurrections, apparitions…). Une
mission pastorale de l’Eglise catholique consiste donc à parler du
paranormal et à étudier son influence sur les hommes, avides de pouvoirs
"magiques" et de domination sur les autres. Comment l’Eglise fait-elle
face à l’engouement du public, et en particulier des jeunes, pour les
mystères de la nature ?
Maison-Hantee.com : En
tant que prêtre, quelle est votre définition personnelle d’un phénomène
paranormal ?
Père Rolland : Ce domaine est une
véritable nébuleuse ! On pourrait définir le paranormal comme quelque
chose qui échappe aux règles habituelles de la perception ou de la
science. Ce qui est au-delà de la norme, du raisonnement scientifique.
Cela comprend des phénomènes très variés, de l’occultisme à la
parapsychologie, même si ce sont des territoires très distincts. En
outre, la plupart des gens font entrer dans l’univers du paranormal des
sujets traités par l’Eglise comme l’exorcisme, le diable ou les esprits.
Maison-Hantee.com : Ces
phénomènes vous font-ils peur ?
Père Rolland : Pas du tout ! Ce qui
est important, c’est d’avoir un discernement sur ces sujets qui ne
peuvent pas être traités de la même manière. Certains scientifiques
s’intéressent à la parapsychologie et essaient de répondre à des
questions. Mais lorsqu’il s’agit de pratiques avec invocation d’entités
supérieures, l’Eglise recommande une grande prudence.
Maison-Hantee.com :
Pourquoi ?
Père Rolland : Précisément
parce qu’on ne sait pas ce qu’on invoque ! On touche à un
domaine qui est inconnu, même dans la Révélation et dans la
Bible. Autrement dit, nous sommes invités à prendre garde de ne
pas invoquer des puissances malfaisantes, c’est-à-dire des êtres
spirituels, ou des démons que nous ne pourrions pas contrôler,
ni en définir l’identité. Nous ne savons pas ce que nous faisons
lorsque nous invoquons des entités supérieures.
Maison-Hantee.com : Quand vous parlez d’invocation, pensez-vous
à des pratiques en particulier ?
Père Rolland : L’évocation
des esprits, le spiritisme, le dialogue avec les morts, les
mantras,…
Maison-Hantee.com : Ce ne sont pas des jouets de notre
imagination ? Ils ont une réalité propre ? |
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Père Rolland : Ce sont des êtres
spirituels mais qui ne sont pas clairement identifiés.
Maison-Hantee.com :
Avoir une approche très prudente face à ces phénomènes peut parfois
conduire jusqu’à la négation. Autrement dit, il est plus facile pour
l’homme de nier ce qui nous échappe plutôt que d’avouer son incapacité à
l’étudier. Existe-t-il une mission, scientifique ou religieuse, à faire
la lumière sur les phénomènes paranormaux ?
Père Rolland : Pour l’Eglise, la
mission est évidente car toutes sortes de personnes ont recours à des
techniques ou des pratiques particulières qui ne sont pas sans danger.
La prudence à laquelle nous invitons oblige l’Eglise à donner des
éléments de discernement pour éviter que les gens ne tombent dans des
situations dangereuses ou pour les aider à en sortir. Nous sommes donc
obligés de nous y intéresser pour aider les gens.
Maison-Hantee.com :
N’importe quel membre du clergé est-il habilité à répondre à ces
questions ou bien existe-t-il des personnes ou des organismes plus
spécialisés dans le décryptage des phénomènes paranormaux ?
Père Rolland : Il existe dans
l’Eglise des prêtres qui ne sont pas du tout au courant de ces
phénomènes ! Ils disent simplement « n’y touchez pas ! ». Ce n’est pas
suffisamment précis pour aider les gens, c’est simplement une
recommandation de prudence. Il faut ensuite s’adresser à ceux qui s’y
intéressent de plus près.
Maison-Hantee.com :
Personnellement, avez-vous déjà été sollicité pour résoudre le problème
d’un paroissien ?
Père Rolland : Il m’arrive assez
souvent maintenant d’être consulté par des gens qui pensent être
attaqués par des démons et qui sollicitent la prière de l’Eglise pour
être délivrés.
Maison-Hantee.com :
Vous n’avez jamais été appelé pour exorciser une maison hantée ?
Père Rolland : Je suis allé bénir
ou exorciser des maisons mais pas des maisons hantées. Je vérifiais la
réalité de phénomènes anormaux et leurs incidences sur les gens. On
bénissait ainsi la maison pour la protéger de l’influence du démon. Il
m’est aussi arrivé de participer à des prières de délivrance sur les
personnes et à des prières d’exorcisme avec des exorcistes officiels.
Maison-Hantee.com :
Nous reviendrons sur ces questions d’exorcisme. Au chapitre 6 de
l’Evangile de Jean, les disciples demandent à Jésus : « Que faut-il
faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit :
« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en celui qu’il a envoyé. » Ils
lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions
le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? » (28-31) A
l’instar des apôtres devant Jésus, l’homme n’a-t-il pas toujours eu
besoin de signes pour croire à l’incroyable ? Les phénomènes paranormaux
peuvent-ils faire partie de signes divins que l’homme doit apprendre à
discerner ?
Père Rolland : Ce sont beaucoup de
questions en une seule (rires) ! Le propre du signe est de mettre
du sens dans des choses qui n’en ont pas à priori. Dans la mesure où il
cherche du sens, l’homme va percevoir les choses plus ou moins comme des
signes. Dans les Evangiles, vous citiez Saint Jean, Jésus fait des
œuvres de puissance qui sont des signes. Des signes de ce qu’il est, de
sa puissance, de ce qu’il vient faire, etc. Quand il guérit un aveugle,
il veut faire comprendre aux gens qu’il est la lumière du monde. Quand
on s’approche de lui, on peut être illuminé sur des réalités qu’on ne
perçoit pas autrement. S’il guérit un sourd, c’est pour faire comprendre
qu’il est celui qui fait résonner la vérité et donc que nos oreilles ont
besoin d’être ouvertes. Les signes que Jésus pose sont là pour
manifester qui il est et ce qu’il vient faire.
Maison-Hantee.com : Ces
signes ont-ils besoin d’être extraordinaires pour faire mouche ?
Père Rolland : Extraordinaires mais
pas contraires à la raison. Jésus ne fera jamais quelque chose qui est
absurde, sans sens. Un exemple : Jésus ne peut pas faire un miracle pour
qu’un paralytique marche sur la tête. Ce qui est contraire à la raison
et à l’univers tel qu’il a été créé et voulu par Dieu. Le Christ ne va
pas intervenir dans les lois de l’univers de manière absurde.
Maison-Hantee.com :
Est-ce que les phénomènes paranormaux peuvent-être attribués à des
pouvoirs semblables à ceux que le Christ a manifestés dans les Evangiles
pour délivrer des messages ?
Père Rolland : Oui, certains. Mais
le Christ manifeste toujours ses pouvoirs en dépendance de Dieu. Il ne
fait pas les choses de lui-même, ni pour avoir un pouvoir sur les
autres. Dans ce qu’il accomplit, il veut manifester la puissance de Dieu
sur l’univers.
Maison-Hantee.com :
Ceux qui, depuis le Christ, ont manifesté ces pouvoirs, à l’exemple de
grands saints, ont-ils été "autorisés" à la faire ?
Père Rolland : Oui. Mais en
dépendance de Dieu !
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Maison-Hantee.com : L’histoire de la création des anges offre un
éclairage intéressant sur la cause de certains phénomènes
paranormaux. Lorsqu’ils ont été créés, avec la liberté d’aimer
ou de rejeter Dieu, certains ont fait le choix de se séparer de
leur créateur. C’est le cas de Lucifer, l’ange rebelle qui a
refusé l’ordre de Dieu de se mettre au service de l’homme. Quand
l’archange Michel s’est rendu compte que Lucifer ne luttait pas
pour Dieu mais pour lui-même, une crise a eu lieu au sein du
monde angélique et une hiérarchie démoniaque est née. Dès lors,
les démons n’ont eu de cesse de vouloir détruire l’homme en le
faisant tomber par la tentation pour prouver à Dieu la faiblesse
de sa créature et la stupidité de son plan d’amour.
La plupart des
phénomènes paranormaux ne viennent-ils donc pas de l’action
exercée sur l’homme par les anges, bons ou mauvais ? |
Père Rolland : Cela dépend ce que
l’on appelle paranormal ! Dans la parapsychologie, une capacité
psychique, plus présente chez certains individus, de sentir des choses
ou d’avoir une action à distance sur les choses, sans l’intervention
d’entités spirituelles, ne fait nullement intervenir les anges. Au
contraire, pour tout ce qui fait intervenir des entités spirituelles
supérieures, il y a toujours, dit l’Eglise, présence d’anges qui peuvent
être bons ou mauvais. Or, le propre des anges bons est d’intervenir
uniquement dans un cadre fixé par Dieu pour mener les hommes au bien, à
la vérité ou l’amour authentique des autres. Certainement pas pour
conférer aux hommes un pouvoir de domination sur les autres ou une
capacité à prédire l’avenir. En l’absence d’anges bons, ce sont
forcément les anges mauvais qui ne manifestent. Et ils se cachent ! Ce
que vous n’avez pas dit dans votre synthèse sur les anges, c’est que le
propre des mauvais esprits est de mentir et de se révéler en êtres
bienfaisants alors qu’ils sont malfaisants ! Du coup, lorsque l’on
invoque des entités spirituelles, on ne sait jamais sur qui on tombe…
Maison-Hantee.com :
Avez-vous un exemple de phénomène paranormal qui pourrait être attribué
à la manifestation d’un ange bon ?
Père Rolland : Certains phénomènes
de télépathie peuvent avoir pour origine un ange bon. Je n’ai aucune
raison de penser à ma grand-mère à tel moment et, tout d’un coup, alors
que je fais autre chose, je pense à elle. Cela peut être l’intervention
d’un ange gardien qui me dit de prier pour elle, tout simplement…
Maison-Hantee.com :
Cela peut être aussi le fruit du hasard : j’ai touché ou fait quelque
chose qui m’a rappelé ma grand-mère, tout simplement…
Père Rolland : Bien sûr. Je ne dis
pas que c’est toujours l’intervention d’un ange gardien. Je dis qu’une
réminiscence peut avoir comme origine un ange bon. C’est un être
spirituel qui s’adresse à un esprit. C’est son mode d’action privilégié.
Mais il n’en n’est pas toujours ainsi. C’est bien là la difficulté du
discernement.
Maison-Hantee.com : On
parlait de Jésus guérisseur. Certains magnétiseurs prétendent avoir un
pouvoir de guérison sur les gens. Cette capacité pourrait-elle leur être
accordée par la manifestation d’un ange gardien ?
Père Rolland : C’est plus douteux.
Les anges sont à notre service pour nous rapprocher de Dieu.
On ne peut donc pas les utiliser à
notre profit, ni même pour le bien des autres. Sauf si Dieu
donne, dans certaines circonstances comme la prière, pour le
bien d’une communauté et de manière temporaire, ce que l’Eglise
appelle un charisme.
Maison-Hantee.com : A contrario, avez-vous un exemple de
phénomène lié à un ange mal intentionné ?
Père Rolland :
Des formules magiques, des sortilèges en vue d’obtenir un mal.
Des incantations où l’on cherche à capter une force liée à la
récitation d’une formule et, par conséquent, à obtenir un
ascendant sur les autres. Cela fait intervenir la superstition.
C’est alors la porte ouverte à des entités spirituelles dont le
but est de faire du mal aux autres. |
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Maison-Hantee.com : A
vous entendre, ce n’est pas la réalité des phénomènes paranormaux qui
est discutable mais leur valeur liée à une intention humaine, bonne ou
mauvaise. Autrement dit, l’homme peut être détenteur d’un pouvoir
paranormal, tout dépend de ce qu’il veut en faire. Est-ce vrai ?
Père Rolland : Ce n’est pas
uniquement l’intention qui est en cause. C’est l’objet même de la
pratique ! S’il s’agit de nuire à quelqu’un, ça ne peut pas être bon.
Ensuite, dans le cas où l’intention est bonne, la méthode est mauvaise.
Car on ne peut pas chercher à obtenir un bien en faisant un mal. Pour
l’Eglise, c’est une règle élémentaire de discernement moral. Vouloir
obtenir un mariage, donc capter la liberté de quelqu’un à son profit,
par un philtre d’amour par exemple, c’est un mal car on ne peut pas
retirer à quelqu’un sa liberté. Ce qui est mal, c’est l’utilisation à de
mauvaises fins de pouvoirs qui sont, de fait, dans la nature.
Maison-Hantee.com : Des
philtres d’amour ? Je croyais que c’était réservé aux contes de fées ?
Père Rolland : Pas du tout. Ça peut
marcher ! C’est l’envers des sorts qui eux visent le mal.
Maison-Hantee.com :
C’est de la magie ?
Père Rolland : Oui. Ce sont des
liens qui peuvent être tissés par des entités mauvaises.
Maison-Hantee.com : Une
autre histoire peut aussi accréditer la réalité des phénomènes
paranormaux : le péché originel. D’après la théologie catholique,
lorsque Dieu a créé Adam et Eve, il leur a donné des dons préternaturels
(qui ne peuvent s’exercer pleinement sans l’aide de Dieu comme
l’immortalité ou l’harmonie avec l’univers) et des dons surnaturels
(capacité de vivre en action de grâce avec Dieu, de sentir sa présence).
Nous sommes d’accord ?
Père Rolland : Préternaturel veut
dire "qui dépasse les forces de la nature". Il y a trois catégories de
dons : naturels (ce qui appartient aux capacités humaines),
préternaturels (ce qui dépasse les capacités humaines) et surnaturels
(ce qui vient de Dieu).
Maison-Hantee.com :
Ceci étant dit, Adam et Eve étaient au courant de la révolte des anges
et de l’existence du mal. Or, ils ont cédé au discours de Satan qui
présenta l’amour comme une forme de dépendance. D’après lui, la liberté
de l’homme devait s’exercer par la connaissance de soi, l’amour de son
intelligence et la maîtrise de sa propre vie, indépendamment de Dieu.
Père Rolland : C’est surtout cela
qui est important : "indépendamment de Dieu" ! La stratégie de Satan
pour briser le lien de confiance spontanée d’Adam et Eve avec Dieu est
d’introduire un soupçon ou un mensonge dans la relation de l’homme avec
Dieu. Ce qui a pour but de rendre l’homme indépendant de Dieu.
Maison-Hantee.com : Le
projet du mal a donc réussi puisque Dieu laissa l’homme libre de se
diriger seul, sur terre, mais il leur fit perdre leurs dons
préternaturels et surnaturels :
« Par un
seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché la
mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes du fait que
tous ont péché. » (Romains 5. 12). Adam et Eve font perdre à
l’humanité leurs dons préternaturels et surnaturels pour ne
finalement garder que les capacités humaines, à exercer sur
terre dans les limites de la nature. Les phénomènes paranormaux
ne peuvent-ils pas être des vestiges de ces dons déchus ?
Père Rolland : Certains
phénomènes paranormaux sont préternaturels. Ils dépassent les
capacités humaines mais ils font intervenir, non pas ce qu’Adam
a perdu, mais ce que les anges ont conservé : une puissance sur
la matière ou sur les esprits, limitée et invisible, donc
imperceptible au commun des mortels. Perceptible dans ses effets
mais pas dans ses causes. |
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Maison-Hantee.com :
Certaines personnes seraient-elles douées pour voir l’invisible ?
Père Rolland : Ces perceptions
peuvent survenir grâce à des liens créés entre certaines personnes
sensibles et des entités supérieures qui sont censées les guider et leur
donner des pouvoirs. Les pactes avec les esprits sont des réalités. Je
peux vous dire que ce sont des choses qu’on rencontre dans le cadre des
exorcismes, par exemple.
Maison-Hantee.com : Que
leur donne concrètement ce pacte ? Une forme de sagesse qui inspire les
autres ou une véritable influence matérielle ?
Père Rolland : Cela peut être des
capacités de connaissance, de révélations de choses cachées, concernant
le passé ou l’avenir proche, des pouvoirs miraculeux. Dans certaines
médecines, dites naturelles, des entités supérieures sont sollicitées
pour obtenir un bien, des guérisons. J’ai l’exemple d’une personne qui
est allée voir un ostéopathe. Pendant la consultation, le praticien a
voulu imposer les mains sur la personne en récitant des formules. Ce qui
a provoqué la stupéfaction et le refus du patient.
Maison-Hantee.com : Ces
guérisseurs sont-ils conscients d’être détenteurs de pouvoirs qui les
dépassent et qui dépassent le simple effet placebo sur les malades ?
Père Rolland : Oui. Ils ont
conscience d’acquérir des pouvoirs et un certain nombre d’entre eux les
recherchent.
Maison-Hantee.com :
Comment cela les prend-t-il ?
Père Rolland : La plupart du temps,
ces pouvoirs se sont développés dans une recherche ésotérique ou
occulte. Fréquentant des écoles ésotériques, ils se sont initiés à une
autre approche médicale et thérapeutique.
Maison-Hantee.com :
Certaines facultés, dites parapsychologiques, comme la télépathie, le
magnétisme ou la télékinésie peuvent être intrinsèques à l’homme, même
si ce dernier n’en maîtrise pas encore toute l’approche scientifique.
Pourraient-elles être des traces résiduelles de l’harmonie primitive
entre l’homme et la nature ?
Père Rolland : Tous les
scientifiques s’accordent à dire que l’homme n’utilise qu’une toute
petite partie de son cerveau. Certainement, indépendamment des dons
préternaturels, Adam avait naturellement une maîtrise de son corps et
sur les choses bien plus grande que les hommes d’aujourd’hui.
Maison-Hantee.com :
Cela passe forcément par des entités ?
Père Rolland : Pas dans le cadre
des dons naturels !
Maison-Hantee.com :
Même nos capacités physiques ne nous ont pas tout dit ?
Père Rolland : Physiques ou…
psychologiques ! Oui.
Maison-Hantee.com :
Arrêtons-nous quelques instants sur les arts divinatoires qui
bénéficient de nos jours d’un véritable engouement populaire. Si on en
croit notre horoscope, le ciel aurait une influence sur notre
comportement. Les astres nous permettraient même de prédire l’avenir.
Or, Dieu seul connaît l’avenir. Or, si Dieu connaît notre futur, où est
l’initiative de l’homme ?
Père Rolland : Dieu connaît
l’avenir puisqu’il est en dehors du temps. Il nous connaît tel que nous
étions, tel que nous sommes et tel que nous serons, simultanément
puisqu’il a, sous un seul regard, l’ensemble de l’univers et de
l’histoire humaine. Cela fait beaucoup d’écrans à surveiller ! Et donne
une idée de l’infini de Dieu. Lorsque l’on parle de Dieu, il faut faire
une transposition de notre vocabulaire, adapté aux choses d’ici-bas. La
question de la liberté de l’homme face à Dieu qui connaît son avenir
fait référence aux futurs contingents. De toute éternité, Dieu connaît
ce qui se passera de manière contingente, c’est-à-dire non nécessaire,
dans toute l’histoire de la création. Le fait que Dieu connaisse le
futur de l’homme ne modifie pas la liberté de ce dernier. Prenons
l’exemple de Saint Thomas. Si je suis sur un champ de bataille, je suis
engagé dans la lutte à un endroit donné. Je peux prévoir que l’escadron
qui approche va m’atteindre rapidement. Je vais donc m’y préparer. Je
vois un futur contingent car le fait que je les sache en train de
s’approcher ne va pas modifier leur capacité à venir. Mais je ne vois
que des choses assez proches. Si je monte sur une montagne près du champ
de bataille, ma vision sera plus vaste et lointaine sur ce qui va se
passer. J’aperçois une escouade qui n’est pas vue des autres. Le savoir
ne modifie pas la liberté de ceux qui sont engagés.
Maison-Hantee.com : Il
faut donc prendre de la hauteur pour mieux voir ?
Père Rolland : Bien sûr. Si on
transpose cela au plan divin, par analogie, Dieu connaît ce qui se
déroulera librement dans l’ensemble de l’histoire humaine, sans pour
autant interférer dans la liberté de chacun.
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Maison-Hantee.com : « Autrefois, en Israël, on avait coutume
de dire quand on allait consulter Dieu : Venez, allons trouver
le voyant. Car le prophète d’aujourd’hui, on l’appelait
autrefois le voyant. » (Samuel 9. 9). La voyance est un
marché en pleine expansion. L’homme (jusque dans les hautes
sphères du pouvoir) ressent un irrésistible besoin de connaître
son avenir pour prendre les bonnes décisions. Or, le voyant
utilise différents procédés pour pratiquer son art divinatoire
(tarots, boule de cristal, numérologie, médiumnité, rêves
prémonitoires,…). L’avenir peut-il nous être révélé, notamment
par des intermédiaires ? La voyance d’aujourd’hui n’est-elle pas
l’héritière de la prophétie ou du songe d’autrefois ?
Père Rolland :
L’avenir n’est pas connu de l’homme car il est engagé dans le
temps, contrairement à Dieu. |
Bons ou mauvais, les anges ne connaissent
pas l’avenir autrement que dans la mesure permise par Dieu. Lorsque des
voyants prétendent pouvoir lire l’avenir dans différents supports, ils
peuvent anticiper des choses prévisibles, c’est-à-dire accessibles à une
déduction, un raisonnement. En faisant intervenir des entités
supérieures, ils peuvent obtenir d’elles une certaine connaissance de
choses prévisibles car elles ont une vue plus perçante que la nôtre.
Mais cela se limite à un futur proche.
Maison-Hantee.com :
Erick Fearson avec qui j’anime ce site fait des lectures de tarot.
Peut-on lui demander de nous révéler notre avenir ?
Père Rolland : Personne ne peut
connaître l’avenir, quel que soit la méthode. On peut deviner, avoir une
intuition mais prédire l’avenir est hors de portée de l’humanité. J’ai
été frappé par le discours d’un professeur d’université qui parlait des
"prévisionnistes". D’après lui, si on avait fait intervenir des
prévisionnistes au début du 20ème siècle, aucun d’entre eux n’aurait
prévu les deux guerres mondiales…
Maison-Hantee.com : Des
prévisionnistes comme Nostradamus ou Paco Rabane ?
Père Rolland : (Rires) Non,
non, des gens qui analysent la société contemporaine, les tendances, et
qui prédisent le futur, rationnellement, en fonction des événements, qui
font des projections. Une remarque sur l’astrologie. Saint Thomas nous
dit que les astres ont une influence sur les corps, sur la matière. Il
s’appuie sur une physique aristotélicienne, qualitative et non
quantitative comme la nôtre. Mais les astres ne peuvent avoir aucune
influence sur les esprits. Saint Thomas invalide ainsi toutes prévisions
astrologiques.
Maison-Hantee.com : Les
horoscopes, c’est donc du bidon !
Père Rolland : Les horoscopes sont
une manière imaginaire de parler de caractérologie, de transmettre une
sagesse mais ils ne disent jamais l’avenir.
Maison-Hantee.com :
Même chose pour les signes zodiacaux ?
Père Rolland : Les signes zodiacaux
sont quand même liés à une perception des différents types de caractère.
Une manière symbolique de parler de caractérologie. Pourquoi pas ! Mon
père médecin m’a toujours dit que les enfants d’hiver ne sont pas les
mêmes que les enfants d’été, biologiquement. Qu’ils n’ont pas le même
type de pathologies, de résistance, etc. On comprend très bien qu’on
puisse attribuer aux signes zodiacaux des tempéraments. Mais cela ne va
pas plus loin. Le calendrier zodiacal entre en coïncidence avec les
saisons. D’ailleurs, on dit que l’ascendant, qui prend plusieurs astres
en ligne de compte, a plus d’importance que le signe zodiacal car il
constituerait une analyse plus fine du caractère.
Maison-Hantee.com : Je voudrais vous faire réagir sur une
prophétie, celle de Sainte Malachie (liste de devises que chaque
pape se voit attribuer selon la succession de leur règne),
d’après laquelle le 111ème pape est le dernier de la liste. Or,
il s’agit de Benoit XVI (De Gloria Olivae, la gloire de
l’olivier) ! Et la prophétie se conclue ainsi : « la cité aux
sept collines [Rome] sera détruite et le juge terrible jugera le
peuple ». Que doit-on en conclure : la fin du monde, la fin
de l’Eglise, le retour de Jésus dans sa gloire, la venue de
l’Antéchrist ou… rien du tout ?
Père Rolland : Le propre de
ces prophéties, comme celle de Malachie, est qu’elles sont
susceptibles de milliers d’interprétations. Comme souvent dans
la Bible, les prophéties sont écrites et compréhensibles à
postériori (rires). Que pourrait-il être envisagé dans la
prophétie de Malachie ? La destruction de la Rome païenne,
c’est-à-dire l’éradication du monde qui s’est éloigné de Dieu,
qui préparerait le retour du Christ en gloire… |
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Maison-Hantee.com : Une
seconde arche de Noé ?
Père Rolland : Non, plutôt qu’une
catastrophe, le renouveau du Christ avant la fin du monde. Ce qu’on
appelle la fin des temps aujourd’hui. Car une distinction est faite
entre la fin du monde où Dieu interviendrait pour juger l’ensemble de
l’histoire humaine et faire entrer le monde sauvé dans la résurrection
avec la fin des temps, autrement dit du péché et l’influence du diable,
ainsi enchaîné de manière définitive.
Maison-Hantee.com :
Quand on lit « le juge terrible jugera le peuple », on pense
plutôt à une fin du monde et non des temps. Le Vatican serait-il en
train de faire ses valises ?
Père Rolland : Le Vatican ne s’est
jamais prononcé sur cette prophétie de Malachie. Même si nous sommes à
une période de l’histoire de l’humanité et de l’histoire de l’Eglise
tout à fait particulière. Mais c’est une autre histoire…
Maison-Hantee.com :
D’autres phénomènes nous emmènent aux frontières du surnaturel. Prenons
l’exemple de l’expérience de mort approchée (ou N.D.E. – Near-Death
Experience – en anglais) où un individu, dans le coma à la suite d’un
accident, a l’impression de sortir de son corps (décorporation), de
s’engager dans un tunnel noir vers un être de lumière et de voir des
proches décédés avant de revenir à l’éveil. Ce phénomène pris très au
sérieux par certains scientifiques repose sur l’étude de propriétés
psychiques (ou extrasensorielles) de notre corps. Or, l’Eglise ne se
prononce pas sur ces N.D.E. Pourquoi ? La N.D.E. pourrait-elle être une
vision de l’humanité sainte de Jésus puis des âmes du purgatoire ? Une
grâce d’origine divine accordée par Dieu ?
Père Rolland : Ce qui pose problème
à l’Eglise, c’est que la lumière qu’on approche dans cette expérience
est impersonnelle. Or, la révélation biblique est celle d’un Dieu
personnel, c’est-à-dire qui nous engage dans un dialogue entre le "je"
et le "tu". C’est une vision propre au judéo-christianisme qui s’oppose
à de nombreuses perspectives ésotériques, voire des cultures actuelles
comme le Nouvel Age, où on veut bien croire à une entité supérieure mais
qui n’a ni nom, ni visage. Une énergie impersonnelle. C’est contraire à
l’enseignement de l’Eglise qui reconnaît Dieu comme un être personnel
qui fait exister les êtres comme des personnes. Personnel et
personnalisant, donc ! Ceux qui, dans l’Eglise, s’intéressent à cette
question pensent que l’expérience de mort approchée ne peut rien dire de
la mort. Parce que précisément, ce n’est pas encore la mort !
Maison-Hantee.com :
Notre corps pourrait donc nous jouer des tours. Quand on parle de voyage
astral, on évoque le dédoublement, la bilocation ou le don d’ubiquité
dont bénéficiaient certains saints (Padré Pio). D’après les bouddhistes,
l’homme aurait un corps astral (siège des facultés psychiques) relié au
corps physique par une force, l’âme. Or, d’après eux, une certaine
pratique du yoga pourrait séparer ces deux corps le temps d’un voyage
dans un monde spirituel. L’homme serait-il capable de rendre visite aux
anges ?
Père Rolland : Ce sont plutôt des
pratiques inspirées du bouddhisme ou de l’hindouisme dans lesquelles des
maîtres spirituels font ces expériences de bilocation. On sait que cela
existe. Mais ils n’utilisent pas de forces naturelles, ni de forces
surnaturelles. Nous sommes dans le domaine du préternaturel. L’Eglise
met donc en garde car ces pratiques font intervenir des entités
spirituelles mauvaises. Dieu ne nous demande pas ce genre de choses ! Et
même si Dieu le demande, il en donne la grâce à des saints qui ne l’ont
pas recherchée, comme Padré Pio, pour qu’ils viennent en aide à
certaines personnes dans des circonstances bien précises. Jamais ces
saints-là n’ont eu l’idée qu’ils avaient le pouvoir de faire des choses
extraordinaires.
Maison-Hantee.com :
« Jésus gravit la montagne pour y prier. Or, tandis qu’il priait,
l’aspect de son visage changea et ses vêtements devinrent d’une
blancheur fulgurante. Pierre et ses compagnons virent sa gloire. »
(Luc 9. 28). Ont-ils été témoins de l’aura du Christ, un phénomène que
certains spécialistes prétendent voir ou prendre en photo ?
Père Rolland : La question
intervient dans un débat entre l’Orient et l’Occident. Les Chrétiens
orientaux disent que ce n’est pas le Christ qui a été transfiguré mais
les apôtres qui ont reçu de Dieu, comme grâce, la capacité de voir qui
était le Christ en tant qu’homme et Dieu. La gloire de la divinité s’est
traduite par une lumière qui n’a pas ébloui les disciples parce qu’elle
a été obombrée par l’humanité de Jésus. Ils ont ainsi pu participer à
cette révélation de la double nature du Christ. Quelques saints
rayonnent réellement. Qu’on parle d’un corps astral, pourquoi pas. Que
des gens aient la capacité de le percevoir, c’est possible. Mais de là à
prendre la sainteté en photo ! (Rires) Ces auras sont sans doute
perceptibles par des psychismes humains purifiés. Dans le Christianisme,
plus on est saint et purifié, plus on perçoit de choses…
Maison-Hantee.com :
Dieu ne juge, ni ne damne personne. Ce sont nos actes qui nous jugent.
Dans la théologie catholique, au moment de la mort, l’homme voit le
Christ glorieux, accompagné des saints et des anges qui lui propose deux
voies : l’amour de soi ou l’amour de Dieu. Chaque homme qui a ce choix a
droit à son repentir, même le pire des criminels. Y a-t-il donc un seul
être humain en enfer ?
Père Rolland : Dieu ne damne pas
dans le sens où il ne peut vouloir envoyer quelqu’un en enfer. C’est
plutôt la personne mauvaise, en situation de jugement, qui ne peut
approcher Dieu car sa vision lui est insupportable. Elle va donc se
précipiter d’elle-même en enfer, c’est-à-dire dans la séparation
éternelle avec Dieu. J’ai été frappé dans le récit de certains
exorcistes qui ont dialogué avec le démon en lui demandant « si c’était
à refaire, ferais-tu les mêmes choix ? ». Et le démon a répondu
« oui » ! Comme quoi, dans le choix du mal, il y a quelque chose à quoi
on peut s’attacher. On peut s’entêter dans le choix du mal ! Si l’Eglise
invite sans cesse à se convertir, c’est pour éviter de devenir esclave
du péché en commettant le péché. Le choix de Dieu est un arrachement
délibéré au mal que l’homme fait sans intervention divine. Ainsi,
supposer qu’on aura tout le temps de se convertir après sa mort, en
présence de Dieu, c’est supposer que l’homme aura facilement la volonté
de renier le mal. Ce qui est présomptueux. Il ne faut pas jouer son
avenir éternel comme à la roulette russe ! L’Eglise nous invite donc à
profiter de notre vie terrestre pour se dégager du mal qui ne fait aucun
bien.
Maison-Hantee.com : On
pense à cette parabole de Jésus sur Lazare et le riche.
|
Un homme riche
ignore un pauvre, couché devant sa porte et couvert de plaies.
Un jour, les deux hommes meurent. Le pauvre Lazare monte au ciel
rejoindre Abraham. Le riche est en proie aux tortures de
l’enfer. Il demande à Abraham de lui envoyer Lazare pour
étancher sa soif. Mais Abraham lui refuse : « Tu as reçu le
bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il
trouve ici la consolation, et toi, c’est ton tour de souffrir.
De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que
ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que,
de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. » (Luc 16.
25-27) Le choix de nier Dieu et ses lois de son vivant, ce qui a
pour conséquence de vous conduire en enfer, est-il
irréversible ?
Père Rolland :
Oui. Le temps de l’exercice de la liberté, comme pouvoir de dire
oui ou non à Dieu, est le temps d’ici-bas, notre vie terrestre. |
Une fois que nous sommes au-delà de cette
vie, nous sommes dans une autre temporalité. Il n’y a donc plus la
capacité à se dire « je voudrais me repentir ». Il existe un point de
non-retour… C’est une question qui a été posée dans l’Antiquité
chrétienne, notamment par Origène. D’après lui, Dieu est tellement bon
que, même ceux qu’ils l’ont refusé et sont actuellement en enfer, seront
ultimement sauvés. L’Eglise y a reconnu une hérésie, non-conforme à
l’enseignement du Christ. Il n’y a pas de repentir après la mort pour
ceux qui se sont damnés.
Maison-Hantee.com :
Même face à Dieu au moment du jugement dernier ?
Père Rolland : On joue sur les
mots. A quel moment sommes-nous présentés à Dieu ? Quel est exactement
le moment de la mort ? J’en parlais récemment avec des personnes qui
vivaient un deuil. Le défunt a été maintenu artificiellement en vie. Les
proches me demandaient alors le moment de la mort. Traditionnellement,
c’était plutôt le fait de ne plus respirer. Or, les médecins avancent
aujourd’hui l’état de mort cérébrale comme définition plus courante de
la mort. Le moment précis de la mort reste incertain. Mais, à nouveau,
je répète que c’est jouer à la roulette russe avec son éternité que de
choisir Dieu au dernier moment.
Maison-Hantee.com :
Pascal a donc raison de faire le pari de Dieu ! Faisons le bien sur
terre en vue de la vie éternelle. Si elle existe, on aura tout gagné.
S’il n’y a rien après la mort, on n’aura rien perdu.
Père Rolland : Dans cette
perspective, les actes humains sont sérieux. Il y a une gravité dans le
choix du bien et le choix du mal. Quand Jésus dit « tout homme qui
commet le péché est esclave du péché » (Jean 8. 34), il insiste sur
l’esclavage dans le mal. Quelqu’un qui cherche à devenir pleinement
libre comprend petit à petit qu’il n’y a de vraie liberté que dans le
choix du bien. C’est aussi le propre de la sagesse. Le choix du mal est
un défaut de liberté. Il détruit l’homme au lieu de le construire.
Construire sa vie sur le choix du bien, c’est construire une belle vie
humaine. Ce n’est donc pas uniquement une pétition de principe de Pascal
qui dit : vous n’aurez pas perdu grand-chose même si vous n’avez pas
gagné grand-chose !
Maison-Hantee.com :
Marthe Robin parle aussi de "roulette russe" quand elle dit : « il
faut prier pour ceux qui viennent de mourir. Ils sont en train de jouer
leur avenir éternel. ». Qu’est-ce que le Purgatoire ? Dieu connaît
le monde des esprits puisqu’il l’a créé. Où vont nos morts ? Peuvent-ils
intervenir auprès de nous ?
Père Rolland : Vous disiez
précédemment que Dieu ne juge personne. A la mort, il y a un jugement.
Or, le jugement de Dieu ne cherche pas à condamner mais à sauver. Dans
ce cas, Dieu va prendre son scalpel et essayer de supprimer le mal de la
personne. Si la personne s’attache à son mal, elle va s’exclure
d’elle-même du salut. Au contraire, si elle veut être sauvée, elle va
s’exposer au scalpel qui la libère du mal. Le purgatoire, c’est une
purification de la personne.
Maison-Hantee.com :
C’est un bloc opératoire !
Père Rolland : Oui mais
sans anesthésie ! (Rires)
Maison-Hantee.com : Les morts peuvent-ils communiquer avec nous
pendant ce temps de purification ?
Père Rolland : Les âmes du
Purgatoire prient. Elles sont dans la proximité de Dieu même si
elles ne sont pas encore admises dans la plénitude de Dieu. Dieu
est amour incandescent. Tant que les âmes ne peuvent pas être un
charbon ardent, elles doivent être purifiées, dans l’attente
d’être admises dans la vision pleine de Dieu à laquelle elles
aspirent. Elles sont dans un état de prière. Elles prient Dieu
pour nous. Pas pour elles-mêmes ! Quant à nous, nous pouvons les
soulager par nos prières pour les faire entrer plus rapidement
au paradis. Il y a donc un lien de communication entre nos morts
et nous : la prière ! |
|
Maison-Hantee.com :
Devant Jésus marchant sur l’eau, l’Evangéliste Marc rapporte l’attitude
des disciples : « Ils crurent que c’était un fantôme et poussèrent
des cris » (Marc 6. 49). Après la résurrection de Jésus, ils ne
reconnaissent pas leur maître : « Frappés de stupeur et de crainte,
ils croyaient voir un esprit. » (Luc 24. 37). Les disciples du
Christ croyaient aux fantômes ? Comment l’Eglise réagit-elle aux
histoires de fantômes et de maisons hantées ?
Père Rolland : Pour l’Eglise, le
fantôme est un esprit.
Maison-Hantee.com : Il
existe aussi la théorie de la mémoire de la matière. Le fantôme serait
alors une force d’énergie résiduelle laissée par une personne en
situation de crise dans un lieu et qui se manifesterait sous certaines
conditions à d’autres personnes.
Père Rolland : Pour nous, soit
c’est un esprit, soit il y a une explication naturelle ou
parapsychologique. Toutes les théories sur des substances résiduelles
qui prendraient forme dans des maisons dites hantées ne sont pas
acceptées par l’Eglise.
Maison-Hantee.com : La
distinction étant faite, je reviens à ma question : les disciples du
Christ croyaient-ils en la manifestation des esprits ?
Père Rolland : Dans la tradition
judéo-chrétienne, il est clairement dit qu’on ne doit pas avoir affaire
aux esprits. Les disciples ont peur et veulent se protéger du Christ
qu’ils croient être un esprit et non leur maître ressuscité. Ils n’ont
pas d’attrait pour un esprit qui se manifesterait à eux. Ils se refusent
donc à le voir. Déjà, dans le Livre de Samuel, il est clairement dit
qu’on n’a pas le droit d’invoquer les esprits des morts.
Maison-Hantee.com :
Maison-Hantee.com réalise des reportages sur la France hantée en
enquêtant sur des lieux de mystères et de légendes, notamment à la
découverte d’histoires de fantômes. On découvre donc de nombreux récits
d’apparitions, comme les dames blanches, que la tradition associe à
l’esprit d’un mort qui revient hanter le lieu de son vivant. Quel est
votre opinion sur ces phénomènes de hantise ?
Père Rolland : Pour les
théologiens, les esprits des morts ne reviennent pas. Si quelque chose
ou quelqu’un se manifeste à la manière d’un esprit, pour l’Eglise, c’est
un ange mauvais.
Maison-Hantee.com :
Par exemple, la
dame blanche de
l’Abbaye de Mortemer, en Normandie, serait donc une entité
démoniaque ?
Père Rolland : Absolument. Dans les
Actes des Apôtres, Saint Paul est confronté à une Pythonisse, « une
jeune servante qui avait en elle un esprit de voyance », qui le
poursuit de ses cris. Saint Paul se retourne vers elle et dit à l’esprit
« Au nom de Jésus Christ, je te l’ordonne : va-t’en de cette femme ! »
(Ac 16. 18). La femme est libérée de l’esprit. Et ceux qui convoitaient
les prédictions de la pythonisse sont furieux. Ils veulent mettre à mort
Saint-Paul car ils estiment qu’à cause de lui, elle a perdu ses
pouvoirs. Cet épisode illustre bien le fait que l’homme a besoin de
croire en ces phénomènes.
Maison-Hantee.com :
Avez-vous déjà poussé la porte d’un lieu dit hanté ?
Père Rolland : Non. Je suis déjà
entré dans des maisons où les occupants parlaient de phénomènes
inexpliqués comme des bruits étranges ou des portes qui claquent mais
pas spécifiquement hantées. J’aide des gens qui, en prière chez eux,
entendent des esprits qui s’approchent d’eux, veulent leur faire peur et
se manifestent comme des courant d’air. Ce sont des esprits mauvais que
je suis amené à repousser en bénissant une maison.
Maison-Hantee.com :
« Qu’on ne trouve parmi vous personne qui s’adonne à la divination ou à
la magie et qui interroge les morts. Toutes ces choses sont en
abomination à Yahvé ». (Dt 18. 10-12). Pourquoi l’Eglise
condamne-t-elle la pratique du spiritisme ?
Père Rolland : Précisément parce
que dans le spiritisme, on fait intervenir des entités qu’on ne peut pas
contrôler et dont on va devenir dépendant. Dans les phénomènes qui
touchent aux démons, on trouve ce que l’on appelle des "portes
d’entrée". L’homme est fragile. Il peut ouvrir des portes à ces entités
spirituelles mauvaises qui vont entrer dans sa vie, son corps ou son
psychisme jusqu’à l’aliéner. Le spiritisme est une forme d’invocation
qui attire le mal.
|
Maison-Hantee.com : Pourtant, le spiritisme est presque devenu
un divertissement, notamment auprès des jeunes qui recherchent
le grand frisson ou cèdent tout simplement à la curiosité.
Personnellement, j’ai déjà participé, adolescent, à une séance
de table tournante dans une maison de famille où nous pensions
communiquer avec l’esprit de mon grand-père. Le résultat, quand
il n’est pas truqué par les participants, est époustouflant et
fait toujours son petit effet. Un soir, avec mon frère, j’ai
pris peur et ai arrêté définitivement. Mais je peux comprendre
la fascination qu’exerce une telle pratique parce qu’elle
fonctionne. Après la première guerre mondiale, des parents ayant
perdu un fils au combat se sont tournés vers le spiritisme pour
soulager leur peine. Récemment, une émission de télévision
présentait un couple de parents qui avaient perdu un enfant dans
un accident de voiture. |
Ils croyaient pouvoir
communiquer avec son esprit par l’intermédiaire d’un poste de radio. Le
spiritisme ne servirait-il pas l’Eglise et son message d’espérance en
prouvant la survie après la mort ?
Père Rolland : Beaucoup de jeunes
qui ont pratiqué le spiritisme abondamment ont été profondément atteints
dans leur psychisme. Cette pratique est fascinante mais destructrice.
L’Eglise l’explique de manière très simple. Lorsqu’on invoque les morts,
on entre en contact avec des esprits mauvais qui prennent la place de
nos morts et s’immiscent dans notre psychisme. C’est un terrain
privilégié pour les mauvais anges, menteurs. On ne sait jamais qui on
fait venir. En outre, nous n’avons pas besoin du spiritisme ! La foi
chrétienne nous dit que les morts ne reviennent pas.
Maison-Hantee.com :
D’où tenez-vous cette certitude ? D’une croyance ? D’une intuition ?
D’une loi divine ?
Père Rolland : Dans la parabole du
riche et de Lazare que vous évoquiez toute à l’heure (Luc 16. 19-31), le
riche demande à Abraham, depuis l’enfer : « Eh bien ! Père, je te
prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. J’ai cinq frères :
qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu
de torture ! ». Le riche réclame clairement le retour d’un mort sur
terre. Ce à quoi Abraham répond : « Ils ont Moïse et les prophètes :
qu’ils les écoutent ! ». Le riche insiste : « Si quelqu’un de
chez les morts vient les trouver, ils se convertiront ». Mais
Abraham est catégorique : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les
prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne
seront pas convaincus. » Nous sommes donc renvoyés à la foi et à
l’exercice de ce qui est raisonnable. Pourquoi demander à de supposées
âmes errantes ou esprits de nos ancêtres des lumières que nous pouvons
avoir ailleurs ? Si c’est pour être rassuré sur la mort, il vaut mieux
privilégier la confiance en Dieu. Mener sa vie droitement est une
meilleure méthode que d’invoquer des entités pour tout savoir sur
l’au-delà.
Maison-Hantee.com : Un
théologien a dit que, « pour faire grandir une personne, Dieu
lui-même peut envoyer le démon » ! Est-ce le cas ?
Père Rolland : Il ne va pas
l’envoyer lui-même ! Des certaines circonstances, assez exceptionnelles,
il va lui permettre de tourmenter quelqu’un pour le bien de la personne.
Sans aller jusqu’à la destruction de la personne ! La question est
grave : pourquoi Dieu permet-il le mal ? La réponse de l’Eglise est
simple : Parce que Dieu est assez puissant pour tirer le bien du mal
même…
Maison-Hantee.com :
Dans le Nouveau Testament, Jésus pratique, à plusieurs reprises, des
exorcismes contre les démons. De nos jours, le recours à l’exorcisme et
ses rituels, donnant lieu à des manifestations impressionnantes,
n’est-il pas exagéré ?
Père Rolland :
Les personnes qui ont recours à l’exorcisme ont déjà un parcours
du combattant chargé. Ils ont repéré dans leur vie des atteintes
à leur santé, leur psychisme, leur profession, leur bien ou à
leur famille. Ils ont cherché des explications rationnelles et
sont allés consulter toutes sortes de médecins qui ne voient
rien. Dans ce parcours du combattant qui peut durer des années,
on leur conseille d’aller voir un exorciste en dernier recours.
L’exorciste pose des questions précises pour faire un diagnostic
et éliminer les causes naturelles. Ceci fait, il cherche des
causes surnaturelles ou préternaturelles. Le premier moyen,
c’est la prière, le rituel le plus simple. Et il surveille si
quelque chose se manifeste pendant ce temps-là. Mais, lorsque le
démon est entré dans une vie, dans un corps humain, il s’y sent
bien et refuse d’en être chassé. Il va donc se montrer très
discret. Au cours de la prière, des signes se manifestent. A
quoi sont-ils attribués ? |
|
A une maladie psychique induite, à une
grande émotivité de la personne ou au démon lui-même ? Pour le vérifier,
l’exorciste utilise par exemple de l’eau bénite. Un des symptômes de
l’action du démon s’appelle la hiérognosie ou la reconnaissance des
choses bénites. Une personne atteinte par le démon saura faire la
distinction entre de l’eau bénite, qui aura alors un goût affreux, et de
l’eau non bénite. Une fois assurée la présence du démon, la lutte
s’engage pour le chasser, avec l’aide de la prière et de sacramentaux
(eau bénite, imposition des mains,…).
Maison-Hantee.com :
Avez-vous déjà assisté à un exorcisme ? Qu’en avez-vous retiré ?
Père Rolland : Une grande joie et
une grande force spirituelle. Car, dans ce combat, nous manifestons la
puissance du Christ. Même si la libération n’est pas complète, nous
voyons la puissance du Christ à l’œuvre. Et il faut souvent plusieurs
séances d’exorcisme, qui sont des séances de prière, pour parvenir à nos
fins, c’est-à-dire rendre insupportable au démon la présence de Dieu.
Parfois, l’exorciste peut s’adresser directement au démon en lui
ordonnant de quitter le corps de la personne, au nom de Dieu.
Maison-Hantee.com : La
présence d’un prêtre est-elle nécessaire ?
Père Rolland : Pas nécessairement.
Dans un exorcisme, la participation de la victime est indispensable.
Plus elle s’engage dans cette lutte, plus la délivrance aura lieu
rapidement. Mais un pratiquant qui prie, respecte les sacrements ou se
confesse, et essaie de vivre droitement, est à l’abri des attaques du
démon. Pas des tentations mais des attaques spécifiques du démon comme
les possessions, les obsessions, etc. Sauf permission divine pour le
bien de la personne. Je suis frappé de voir le processus de
sanctification qui accompagne la libération d’un possédé.
Maison-Hantee.com : Que
pensez-vous du film L’Exorciste de William Friedkin dont on
raconte qu’il aurait généré à l’époque de sa sortie en salles (1974) une
vague de conversion ?
|
Père Rolland :
Il est très juste ! Mais caricatural ! Car toutes les
manifestations possibles du démon sont réunies en un seul cas.
Le trait est forcé. Les manifestations les plus courantes sont
les cris ou les convulsions. Je connais même des phénomènes plus
impressionnants que ceux du film. Don Amorth, exorciste de Rome,
s’est rendu chez un psychologue qui ne croyait pas au démon et
attribuait les maux d’un patient à des troubles psychiques. Au
cours de l’entretien, le bras du possédé s’est allongé pour
aller gratter le nez du psychologue à deux mètres de distance.
Vous imaginez la réaction du médecin ! Ce sont des singeries que
le démon est capable de faire sans difficulté. Avec
l’expérience, le prêtre ne se laisse pas distraire par ces
artifices. Car le démon compte sur son pouvoir de distraction
pour lasser l’exorciste. C’est pourquoi le prêtre est tout
entier concentré dans la prière et tourné vers Dieu. |
Une dernière chose : l’exorcisme n’est pas
une pratique magique mais un moment de prière. La libération dépend de
la foi du possédé. Et, à défaut de coopération, il y a des personnes
qu’on ne peut jamais libérer…
Maison-Hantee.com :
Charismes, sacrements, miracles, phénomènes mystiques extraordinaires
(stigmates, lévitation, émanation de parfums, transfigurations,…) : Par
ses hommes ou ses reliques sacrées, la religion catholique ne manque pas
de mystères ni de facultés inexplicables, hérités de Dieu et de la foi
chrétienne. Il est donc difficile de dire aux jeunes de la génération
Harry Potter que les phénomènes surnaturels d’aujourd’hui sont tous des
supercheries ou des divertissements dangereux. Pour conclure cet
entretien, quel conseil pouvez-vous donner à ceux qui se cherchent une
spiritualité et cèdent à la tentation du paranormal ?
Père Rolland : Premier conseil :
nous avons un pouvoir sur notre vie, de la rendre belle, juste, droite
et de s’insérer dans la société pour faire du bien aux autres. La
recherche des pouvoirs, sous-jacente à la tentation du paranormal, est
une dérive du pouvoir que nous avons sur notre vie. Il faut d’abord
rechercher ce qui est constructif pour soi et pour les autres. Ce besoin
de domination sur les autres ou sur l’univers est souvent une fuite.
Second conseil : la recherche du pouvoir est toujours très ambiguë.
L’Eglise sait que le surnaturel existe, que Dieu existe et que l’homme
avance dans sa vie vers une destinée éternelle mais elle sait aussi que
la convoitise du pouvoir est dangereuse. Elle propose ainsi une voie
raisonnable indépendamment de ce qui est mystérieux. Ce qui est
extraordinaire dans l’Eglise, c’est de pouvoir connaître en vérité Dieu,
pouvoir aimer un créateur tout puissant, pouvoir entrer en dialogue avec
lui, pouvoir être appelé pour entrer en communion de vie avec lui. Voilà
des choses extraordinaires qui sont en jeu dans les petites choses de
notre quotidien… La tentation de l’extraordinaire nous arrache à notre
vie. Or, pour l’Eglise, ce qui est ordinaire peut devenir
extraordinaire !
Maison-Hantee.com : Père,
merci.
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Pour en savoir plus
:
>> Un
site web de
théologie catholique consacré aux phénomènes paranormaux. On y trouve
notamment, en consultation ou en téléchargement gratuit (format Word),
des dossiers sur l'Eglise et le paranormal, le spiritisme, le
purgatoire, la fin du monde,... Il est possible d'écrire à l'auteur, qui
enseigne la théologie catholique en Belgique, pour lui faire part d'un
témoignage, demander un discernement, poser des questions,...
>> Le
site web du Père
Joseph-Marie Verlinde à qui a été confiée en 2002 par le cardinal de
l'époque, Mgr. Jean-Marie Lustiger, la mission ecclésiale de répondre
aux questions des croyants et des adeptes du Nouvel Age sur
l'ésotérisme, l'occultisme, le spiritisme, le phénomène Da Vinci Code,
la démonologie,... A lire absolument : l'entretien
du Père Verlinde avec un témoin de phénomène de maison hantée.
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©
Photos : Philippe Prost, Olivier
Valentin et Julien Valentin (Eglise Saint-Léon, Cimetière du Père
Lachaise et Abbaye de Mortemer) |